Un bel hymne à la fraternité

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La salle El Mougar a vibré avant-hier au rythme des chansons du grand chantre de la chanson kabyle. Le public venu nombreux de l’Algérois et de la Kabylie a eu rendez-vous avec un Akli Yahiatène des grands jours.

Malgré son âge avancé, celui qu’on aime appeler affectueusement Dda Akli a émerveillé son public par des tubes, considérés à juste titre comme des témoignages poignants des souffrances vécues pendant l’ère coloniale, des affres de l’exil forcé, mais aussi des récitals merveilleux sur la beauté de la femme kabyle et la splendeur de sa Kabylie féerique. Son concert tant attendu par ses admirateurs a été entamé, on ne peut plus logique, par une chanson nationaliste, lui qui a vécu le colonialisme dans sa chair, par une chanson patriotique. « Arraw N’Ldjazair » est un hymne à l’union et à la fraternité entre tous les enfants de l’Algérie.

Très à l’écoute de son public, composé essentiellement de jeunes venus découvrir ou redécouvrir ce grand monsieur de la chanson algérienne, preuve vivante de l’immuabilité de son art, Dda Akli, du haut de ses 70 ans, a chanté avec une grande complicité la chanson culte en langue arabe « El Menfi » qui raconte le vécu d’un prisonnier pendant la guerre d’Indépendance, dans les années 50. Une longue histoire d’amour s’est tissée entre ce barde de la musique algérienne et son public, entraîné par leur idole dans univers où la verve du verbe et la justesse du rythme font légion. La communion fut tout simplement totale à la salle El Mougar.

D’autres chansons aussi belles les unes que les autres ont été interprétées par la star de la soirée qui ne savait plus quelles chansons choisir tellement le répertoire est riche et les tubes ne manquent pas. Tentant de satisfaire la majorité de l’assistance, Dda Akli chantera « Zrigh zzin di Michelet », un tour d’horizon de toute la Kabylie avec des haltes dans les plus beaux coins de cette région séculaire, « Taremmant », le grenadier, un hommage à la femme, pilier de la maison kabyle et gardienne du temple et « Axxam », cette demeure, fort animée autrefois par les rires de ses habitants, est aujourd’hui désertée par les siens et devenue une maison fantôme. `

En effet, l’assistance qui a attentivement écouté son idole, est transportée à son corps défendant dans un autre monde : celui des rêves et des souvenirs mêlés…Ce grand chanteur compositeur, autodidacte de la musique, qui a réussi par l’écoute et le cœur à jouer admirablement du luth, n’a pas pu terminer son concert sans répondre aux sollicitations du public qui n’a cessé de lui réclamer « jahagh bezzaf dameziane », qu’il a d’ailleurs tenu à chanter, malgré la fatigue, debout et en chœur avec ses fans. Une chanson très émouvante qui rapporte le cri désespérée, à la veille de l’Aid d’une épouse et d’une mère délaissée par son mari « amjah », émigré en France pour lui rappeler que ses enfants l’attendent. En passant, hier, à la salle El Mougar, « Dda Akli » a laissé sûrement des traces. Les bonnes.

H Hayet

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