Un trimestre sanglant

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Alors qu’une bonne partie de la classe politique se prête au grand jeu du silence et reste pratiquement sourde à l’appel de l’opinion qui réclame une réaction salutaire contre le terrorisme, les commandos de l’islamisme armé réinstaurent la terreur particulièrement dans les zones semi-rurales de la Kabylie.

Les dernières exactions terroristes ayant eu pour théâtre, ce week-end, des contrées du sud-ouest de Boumerdès et du nord-ouest de Tizi-Ouzou rappellent que la bête immonde est encore sur les dents. Dans la nuit de jeudi à vendredi vers 21h00, un groupe terroriste s’en est pris à un détachement de l’ANP sur l’axe Ouled Boudoukhane-Beggass, limite communale de Chabet El Ameur et Kadiria. Embusqués derrière un monticule, les assaillants ont actionné une bombe artisanale au passage des militaires, suivie de rafales meurtrières, l’explosion a fait 2 morts et deux blessés dans les rangs de la patrouille militaire. Dans des circonstances presque similaires, trois autres soldats de l’ANP ont été blessés, ce vendredi, lors d’un attentat qui a fait un blessé, grièvement dans les rangs de ladite patrouille militaire.Cette zone montagneuse surplombant la localité de Chabet El Ameur sera encore une fois, ce vendredi, intensément torpillée à l’arme lourde. On ignore le résultat du redéploiement des militaires dans cette contrée. Mais l’on signale un énième faux-barrage au douar avoisinant de Touzaline.

Là, un jeune de 25 ans environ, sitôt reconnu comme étant le fils d’un entrepreneur répondant au nom de Doudah, a été kidnappé par un groupe terroriste au nombre indéterminé. Les assaillants qui ont établi avant-hier des contacts avec les parents de leur otage, exigent, a-t-on signalé, la somme de 1 milliard de centimes en échange de sa libération. C’est le septième rapt terroriste enregistré, durant ces trois derniers mois, dans différentes régions de Kabylie. Ces très fortes rançons avec, pour exemples celle avoisinant les cinq milliards qu’un commando de l’ex-GSPC avait réclamé, fin janvier, suite au kidnapping d’un autre entrepreneur du côté de Boudouaou sont pratiquement utilisées par les hordes islamistes dans leur guerre contre l’Etat et la société.

Les exactions de l’islamisme armé sont allées, en fait, crescendo, depuis le début de l’année en cours.

Une indulgence criminelle

Avant le 13 février 2007, une date où l’ex-GSPC a planifié six ou sept attentats en quelques minutes, avec comme effet effroyable 7 morts et une trentaine de blessés à Boumerdès et à Tizi-Ouzou, il y eut d’autres tueries, en plus de nombreuses attaques heureusement manquées, mais ravivant, elles aussi la psychose. Après le date précitée on dénombrait aussi des attaques contre les convois militaires on postes de contrôle des services de sécurité, tant à Bouira, que dans d’autres wilayas de la Kabylie. Une embuscade meurtrière du côté de Béni Yenni a fait, il y a moins d’un mois, 7 morts dans les rangs des gendarmes.

Au total, où fait état d’une quarantaine de morts et d’une centaine de blessés dans les régions précitées, selon le décompte du premier trimestre 2007. Et l’on s’irrite donc, à juste titre tant en ville qu’à la campagne : “Pourquoi a-t-on pardonné aux terroriste ? En filigrane, l’interrogation laisse apparaître qu’on est pratiquement déçu de cette politique de réconciliation qui risque de transformer notre histoire sur l’islamisme armé en une terrible défaite. Pourquoi pardonner à ces tueurs, penser à leur ouvrir encore les bras, quand on sait que les troupes de l’ex-GSPC sont prêtes en tant que salafistes fidèles au précepte “cher” d’Ibn Taymia (leur maître à penser) à sacrifier les deux-tiers de la population pour accéder au pouvoir. On sait une seule chose aujourd’hui encore : “Si on baisse la vigilance, on se fait massacrer”, témoigne la vox-populi. Et donc quelle paix, quelle stabilité sommes-nous en train de vivre, ajoute-t-on sur fond d’inquiétude.

Salim Haddou

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