Ayant estimé que le décès de son oncle, percuté par un camion, était dû à la faute professionnelle du policier qui réglait la circulation au carrefour de Guendouza à Akbou en ordonnant au chauffeur du camion de circuler alors que le vieillard n’avait pas fini de traverser la chaussée, l’accusé a décidé de se rendre soi-même justice en assénant le jour-même de l’enterrement du mort, plusieurs coups de couteaux au policier toujours en poste au carrefour de Guendouza. Et en portant ses coups, l’accusé, selon la partie et l’accusation, a crié à sa victime “je vais te tuer comme tu as tué mon oncle au même endroit”.
C’est cette affaire de tentative d’homicide volontaire avec préméditation et guet-apens que le tribunal criminel près la Cour de Béjaïa a eu à examiner.
Dans son réquisitoire où il a mis en exergue surtout l’intention de l’accusé de tuer sa victime, le représentant du ministère public a, sans préciser cependant le nombre d’années de prison, requis la peine maximale prévue pour ce genre de procès. Mais le verdict prononcé par le président du tribunal, après délibération, a été de huit années de réclusion criminelle.
Les faits remontent à la journée du 11/02/2006 lorsque vers 16h30, moment de l’affluence maximum des voitures et des piétons au carrefour de Guendouza, l’accusé C.T., 28 ans, qui venait quelques heures auparavant d’enterrer son oncle, auquel il était très attaché, victime le 9 du même mois d’un accident de circulation dont serait, selon l’opinion publique, responsable le policier B.M., atteinte par surprise à la vie de ce dernier, en lui portant plusieurs coups de couteau aux endroits sensibles du corps, tels le cou et le visage. La partie civile et l’accusation diront que si la victime est encore en vie, c’est grâce à l’intervention salutaire du collègue. A ces arguments, les défenseurs dont maître Benouaret, rétorqueront que l’accusé n’avait formé aucune intention d’agresser le policier.
Seulement, souligneront-ils, après l’enterrement, il est sorti de sa maison uniquement pour acheter du tabac, mais en présence du sang de son oncle qui maculait encore la chaussée et étant donné que la rumeur publique imputait sans ambages le décès du vieillard à la faute professionnelle du policier et vu aussi qu’il n’était pas très stable sur le plan psychologique, il n’avait pas pu se contrôler.
Au cours de la plaidoirie où ils plaideront l’absence totale de préméditation et de guet-apens, ils développeront, en s’appuyant sur un certificat médical, l’idée selon laquelle l’accusé serait d’humeur instable, dépressif, réactionnel et dangereux pour lui-même.
En conclusion, ils insistent sur la nécessité d’interner leur mandant dans un établissement hospitalier spécialisé où il recevrait les soins appropriés.
B. Mouhoub
