Les retraités lésés

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Garantir une vie digne, tel est le souhait des millions de travailleurs qui se sont soulevés durant des décennies à travers le globe. Ils n’avaient pas de répit, pas de temps pour soi. Heureusement que les luttes de tant de braves gens n’ont pas été vaines. Le travailleur a réussi à se libérer un tant soit peu, malgré “l’esclavage” qui existe encore même dans les pays démocratiques comme la France et la Belgique. Il suffit de compter le nombre de personnes qui travaillaient “en noir dans le noir avec les noirs”, pour reprendre Mohamed Fellag, qui rapporte parfaitement la situation. L’Algérie de 2005 tarde à prendre en charge comme il se doit ses retraités. En effet, plusieurs de ces vieux qui ont quitté le domaine du travail souffrent énormément.Chaque mois “les oubliés” se bousculent aux guichets de postes pour avoir “le minable salaire”. Pour ceux qui ont travaillé à l’étranger, c’est-à-dire en France, le problème ne se pose pas. Avec la dévalorisation du dinar, même les gens qui touchent une faible pension arrivent à s’en sortir. L’euro est une monnaie qui sauvegarde tant d’activités dans les régions reculées à l’instar de la commune d’Akfadou. La majorité des jeunes ne travaillent pas et ne peuvent se débrouiller dans un pays qui les livre à la clochardisation. D’ailleurs, on se demande comment seront nos” montagnes désertes” dans quelques années !Pour l’instant, nos vieux qui ont roulé leur bosse ailleurs, camouflent le marasme qui ne dit pas son nom. Les gens qui étaient là depuis leur naissance et le sont toujours, peinent à mener leur vie dans la dignité.C’est vrai que certains retraités ne sont guère casés dans ces oubliettes puisqu’ils touchent une pension relativement élevée.Pour mieux comprendre la situation de beaucoup de retraités, on s’est déplacé chez Tas Kaci ou comme il préfère être appelé Da Kaci. C’est un vieux du village Ath Saâda qui est à la retraite. Après des années de travail, il se retrouve dans l’embarras. “J’ai sacrifié toute ma vie pour mon métier. Dans plusieurs villes du pays comme Constantine j’avais affronté moults entraves pour garantir le pain à ma famille.Ici, à Bgayet, je travaille de jour comme de nuit. Actuellement je suis soit disant en retraite et je touche 8000 DA. C’est vraiment une atteinte à ma personne”, estime l’homme à la moustache.“Je sais bien que je ne suis pas le seul à subir ce sort, mais il ne faut pas se taire devant cette injustice. Ma pension ne tient pas au-delà d’une semaine. Alors, je suis contraint de travailler encore. A cet âge-là, je dois me reposer mais je ne peux pas le faire car je ne possède pas d’autres ressources, à part ce salaire de mendiants”, enchaîne la même personne. Un retraité qui peine à vivre dans un pays si prospère illustre la situation de malaise quotidien dont souffrent des millions de gens. Faire quelque chose pour eux est aussi un geste de réconciliation. Surtout que le marasme social n’a que trop duré.

Mohand Chérif Zirem

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