« Il faut appeler les choses par leur nom ». Voilà comment Ouyahia conçoit la réponse à donner aux derniers attentats terroristes qui ont ébranlé Alger. Lui qui s’est toujours considéré comme éradicateur ne semble pas apprécier les propos de Belkhadem qui parle, lui, « d’attaque » et se suffit de qualifier les terroristes de « égarés », et il refuse l’idée selon laquelle “c’est la pauvreté qui mène aux attentats suicide”. Mais il n’y a pas que cela qui différencie les deux hommes, même si le chef du RND déclare le contraire. A ceux qui lui rappellent son opposition à l’augmentation des salaires, Ouyahia rappelle qu’il n’est pas contre les mesures favorisant l’amélioration du pouvoir d’achat, mais veut s’éloigner du discours populiste. « Il y a ceux qui augmentent les salaires dans les journaux en usant de populisme sans lendemain et il y a ceux qui le font sur le terrain sans publicité ». En déclarant cela, l’invité de Soraya Bouamama donne ses preuves, accablantes : « Jusqu’à maintenant, deux tiers des entreprises n’ont toujours pas augmenté les salaires ». Pourquoi ? « Parce qu’elle sont dans une situation financière catastrophique », répond l’ancien chef du gouvernement, qui ne « regrette rien » de son passage à la tête de l’Exécutif, malgré « les insuffisances » qu’il peut y avoir, dit-il. Et c’est parce que Ouyahia veut donner un sang neuf à son parti qu’il s’autorise même de mettre un bémol dans son soutien au programme du président de la République. Loin du suivisme habituel qu’on lui connaît, Ouyahia ne semble pas apprécier « la manière » avec laquelle certaines réformes sont menées. Il donne comme illustration l’investissement, le foncier industriel et les privatisations. Le conférencier précise cependant que ce n’est pas de l’opposition, mais plutôt une autre façon de voir les choses.
Revenant au terrorisme, le chef de file du RND « assume » toujours son statut d’éradicateur. Et pour ceux qui n’en sont pas convaincus, Ouyahia renvoie son monde aux années rouges lorsqu’il « avait servi » son pays dans « les moments difficiles ». Entre-temps, « l’éradicateur » adopte « sans complexe » les différentes politiques suivies aux côtés de luttes sur le terrain. Il rappelle qu’il avait rendu visite aux responsables du FIS en 1995 « rien que pour arracher un appel à l’arrêt de l’effusion du sang » comme il accueillerait « un repenti » pourvu que des vies soient « épargnés ». Mais là aussi, le chef du RND refuse les confusions. Il dit ne pas comprendre que les textes de la Charte limite un délai au 28 août 2006 alors que « certains », allusion parfaite à Belkhadem et Soltani, commençaient « à partir du 26 août à appeler à prolonger la date ». « Ce n’est tout de même pas sérieux », assène-t-il. Pour ce qui est des élections législatives, l’invité de la Télévision nationale indique que son parti propose un programme de 140 points, touchant à tous les domaines. Il ajoutera que le RND va investir le terrain, mais a refusé de s’avancer sur les pronostics, se contentant d’être modeste en indiquant que « nous aurons notre part ». En tout cas, si Ouyahia dit assumer les réussites et les échecs de l’Alliance présidentielle, et le bilan de l’Assemblée sortante dans son ensemble, il n’envisage pas de changer de fusil d’épaule. Et il ne faut surtout pas compter sur lui pour faire de l’opposition. « Ce sera peut-être le jour où une autre majorité, c’est-à-dire non novembriste, démocratique et républicaine sera au pouvoir », assure-t-il.
Ali Boukhlef
