C’est un album désillusionné que s’apprête à livrer le mythique groupe Inaslyène, après un silence décennal qui n’est pas pour étonner au regard du parcours de Rabah et sa bande.
“Brigh-awen !” (je vous répudie) est le titre-phare et révélateur de toute cette thématique qui recrache en amertume volcanique ce que des années de sombres souffrances ont accumulé. Extrait (traduit par nous) :
“Je vous défie un à un, vous qui sautillez comme des puces.
Le scarabée est votre congénère, vous qui êtes nés dans le fumier. Vous brûlerez dans vos propres brasiers, je vous répudie, par trois fois, comme d’exécrables femmes”.
“Tirga n Ltufan” (Rêveries d’enfants) est une chanson parabolique qui interroge le thème de l’absurde. Elle parle d’un gouvernement qui déploie une grande énergie pour la sauvegarde d’ossements millénaires et qui en même temps soumet ses sujets à la mort la plus sommaire. “Je suis blasé mais pas amer !”, déclare Rabah Inaslyène.
Oui et malgré un doucereux spleen, la nouvelle création ne s’empêche pas de faire quelques paris sur l’optimisme. L’album contient une chanson qui engage particulièrement les jeunes à prendre en main leur destinée en pesant sur le cours du présent.
Quinze ans après “Issiakhem” et vingt-quatre ans après l’inclassable “Tafsut Umazigh”, le groupe se remet en scène à travers un album que Belda-Diffusion va incessamment mettre sur le marché. Rabah, qui est devenu le légataire testamentaire de tout le groupe, a effectué, samedi, une sortie promotionnelle à Béjaïa où l’essentiel du travail d’enregistrement a été effectué. Cette sortie assez underground organisée à l’initiative du patron de la salle des fêtes “Vie-la-joie” aura permis aux plus chanceux de retremper dans la musique d’un groupe qui aura profondément marqué les générations qui ont vécu le bouillonnement post-1980.
M. B.