La première bataille de l’élection présidentielle française est terminée mais la guerre entre les deux finalistes, Nicolas Sarkozy pour la droite et Ségolène Royal pour la gauche, est loin d’être achevée.
Si tous les analystes avancent Sarkozy favori, la bataille finale est loin d’être gagnée pour le candidat de droite, stigmatisé et craint par les milieux de gauche qui le présentent comme brutal et autoritaire. Parce que, du moins jusqu’à aujourd’hui, les 6,5 millions de voix du centriste François Bayrou, restent la grande inconnue.
En effet, le président de l’UDF, arrivé en troisième position avec 18,5 % des voix, fait figure d’arbitre pour l’issue de ce second tour qui s’annonce des plus serrés. A l’appel du pied des deux finalistes, Bayrou reste pour le moment silencieux et préfère temporiser avant de se prononcer, en principe, aujourd’hui, même si certaines sources de son parti indiquent d’ores et déjà qu’il ne donnera pas de consigne précise à ses électeurs.
Mais ce n’est pas ce qui dissuadera les Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy à courtiser le chef de l’UDF pour la première, et carrément l’électorat de ce dernier pour le deuxième. Si les deux candidats refusent » les tractations d’appareil « , celle du PS a carrément appelé François Bayrou à la rejoindre, à travers un débat public, pour trouver un terrain d’entente » autour du pacte présidentiel « , et probablement dans l’optique de faire réussir » le tout sauf Sarkozy » adopté par les responsables de gauche.
Parce qu’il faut rappeler que sur le plan des chiffres, la candidate du Parti socialiste n’arrive pas à dépasser le seuil des 36 % en additionnant toutes les voix de l’extrême gauche et des verts dont les candidats, au soir du premier tour, ont tous appelé à voter Royal.
Ce réservoir de voix de la gauche, à son plus faible score depuis 1981 ; ne lui suffira pas sans le concours massif des électeurs du centre, notamment ceux de François Bayrou qui s’inscrit désormais dans la perspective de la création d’un grand parti qui rassemblerait des cadres du centre-gauche et du centre-droit dans l’objectif de remporter les présidentielles de 2012.
Les choses ne se présentent, cependant pas, de la même manière pour Nicolas Sarkozy qui, hormis l’ancien dirigeant socialiste Eric Besson, qui avait claqué la porte du PS il y a deux mois, n’a toujours pas reçu de soutiens francs. Cela même si tous les sondages de ces deux derniers jours le donnent favori. S’il n’est pas du tout évident de voir Bayrou appeler explicitement à voter pour son rival de droite, des responsables de l’UMP ont annoncé, hier, qu’une douzaine de députés de l’UDF ont déjà annoncé leur ralliement au candidat de l’UMP. Par calcul électoraliste ou par conviction, d’autres parlementaires vont certainement se mettre à la disposition de Nicolas Sarkozy. Mais la grande inconnue reste, bien évidemment et au-delà de la position que prendra Bayrou, les électeurs de ce dernier. Les sondages effectués juste après la fin du premier tour les donnent en trois catégories. 37 % vont voter pour Ségolène Royal, 35 % pour Sarkozy et 27 % comptent s’abstenir. S’il est certain que la décision de François Bayrou va influer indéniablement sur l’issue du scrutin du 6 mai prochain, Jean-Marie Le Pen, qui a enregistré une chute à 10,8 % par rapport au 17 % de 2002, n’a toujours pas donné de consigne de vote. Il réserve sa réponse au 1er Mai prochain, même si les enquêtes d’opinion ont indiqué que 79 % des ses électeurs vont porter leur choix sur Nicolas Sarkozy. Il est à signaler qu’un duel aura lieu le 2 mai entre les deux candidats. La confrontation sera diffusée en direct sur les deux principales chaînes françaises, TF1 et France 2.
Ali Boukhlef