C’est sous les airs de zorna que Réda Malek, président de l’Alliance nationale républicaine (ANR), a entamé sa campagne électorale. « Je suis confiant pour cette alliance entre l’ANR et l’UDR. C’est la première fois depuis l’Indépendance qu’une telle alliance est scellée », a-t-il déclaré, jeudi dernier, devant une assistance acquise à sa cause à l’occasion de la tenue d’un meeting à Hussein-Dey. Le leader de l’ANR voit dans les prochaines élections une chance pour le changement, précisant que les élections précédentes n’étaient pas à la hauteur des aspirations du peuple dans la mesure où, a-t-il dit, il y avait des « parachutages d’en haut ». « On veut de nouveaux visages. On en a marre de ces gens qui n’ont rien apporté. Ils occupent l’APN et ne font qu’enregistrer ce que dicte le gouvernement », a-t-il estimé. Et d’ajouter que « nous œuvrons pour la démocratie, non pas pour des sièges. Ils faut que les citoyens aient le droit de choisir eux mêmes leurs responsables. On ne peut pas nier ce droit en imposant des gens qu’ils ne connaissent pas. On n’a pas besoin de ces parachutés ». Il a soutenu que la population aspire à des élections libres et transparentes, en insistant sur l’obligation pour les jeunes de prendre le « flambeau». « On doit sortir de l’immobilisme et de la léthargie et avoir une renaissance morale et politique.» a-t-il clamé. Usant de rhétorique acerbe à l’égard de l’action du gouvernement, Réda Malek a estimé qu’il y a un « laisser-aller » dans la gestion des affaires de la cité dans une conjoncture marquée par une embellie financière de 78 milliards de dollars, et ce, après avoir rappelé que l’arbitraire, l’injustice et le chômage frappent de plein fouet la société. « Il faut savoir utiliser cet argent. Il faut créer des entreprises créatrices de postes d’emploi aux Algériens. Il faut encourager l’investissement national et ne pas attendre les étrangers. Seul le travail rendra l’espoir aux Algériens », a-t-il préconisé. Selon lui, l’Etat doit jouer son rôle de manière urgente, en soulignant que les ministres sont faits pour travailler, non pas pour dormir. Des propos qui soulèvent les vivas des présents. Encore plus critique, il a souligné qu’il y a un pourrissement politique, en s’interrogeant sur l’avenir de l’Algérie de l’après-pétrole. « Seule la vérité permet d’avancer. Ceux qui cachent la vérité travaillent contre l’Algérie », a-t-il martelé, en qualifiant l’affaire Khalifa de vol organisé. Le négociateur des accords d’Evian a appelé à mettre un terme à ce genre de comportement qui porte atteinte à l’Etat. Voulant rectifier certaines des idées reçues, Reda Malek a précisé qu’il ne faut pas avoir peur de la politique, car, a-t-il expliqué, celle-ci est le droit de chaque citoyen de dire ce qu’il veut. En fin connaisseur des soubresauts qui secoue la société, le vieux, mais très présent patron de l’ANR, a rappelé que la conscience nationale a reculé, ajoutant que l’Algérie vit une loi de la jungle. « Qui va défendre les faibles ? », s’est-il interrogé avant de dire que cette tâche incombe à l’Etat. Tirant à boulets rouges sur les « opportunistes » de tout bord, l’orateur a estimé que la corruption vient du manque de contrôle, mais surtout de l’absence d’honnêteté des élus. « On doit arrêter de choisir des incapables et des bandits. On choisit les gens qui vont au devant de la cause de tous », a-t-il plaidé. Sur un autre registre, il a précisé que le pôle républicain rejette tout régionalisme, ségrégationnisme ou esprit de clan, préférant dire que « tout Algérien qui croit à l’Algérie est notre allié ». Prenant la parole, Kamel Belouchrani, candidat sur la liste que conduit Amara Benyounes, secrétaire générale de l’UDR, dans la capitale, a d’emblée, lancé sur un ton prophétique que « la République et la démocratie vaincront en Algérie ». Sans le nommer, il a fustigé le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, en se demandant « s’il est démocrate, pourquoi il n’à pas lâché les rênes du pouvoir depuis l’Indépendance ? ». Et de s’interroger « s’ils sont de la famille révolutionnaire, sommes nous des harkis ? ». Voulant mettre les points sur les « i », il a lancé, non sans fierté, « nous sommes aussi de la famille révolutionnaire puisque on a fait le 5 octobre et les années 90».
Hocine Lamriben