Arezki Aït Larbi, journaliste free-lance, correspondant des quotidiens français Le Figaro et Ouest-France est convoqué le 2 mai 2007 devant le tribunal correctionnel d’Alger (Abane-Ramdane), pour répondre d’une rocambolesque affaire de “diffamation”.
Les faits remontent à l’année 1994 lorsqu’il avait publié dans l’hebdomadaire algérien L’événement, un article sur les conditions carcérales à la prison de Tazoult-Lambèze, et les sévices infligés aux détenus. Il s’agissait, en fait, d’une lettre de protestation qu’il avait adressée en mars 1986, au ministère de la Justice alors qu’il était prisonnier au sinistre pénitencier après une condamnation par la Cour de Sûreté de l’Etat à 3 ans de prison ferme. Son “crime” : il était l’un des fondateurs de la première Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme.
Dans cette lettre, Arezki Aït Larbi avait dénoncé la responsabilité, entre autres, de
M. Abdelkader Sallat, directeur de l’application des peines au ministère de la Justice. Une copie de cette lettre était adressée à l’intéressé qui ne décide de réagir, par une plainte en diffamation, qu’après sa publication en 1994.
Révélateur d’une justice sous influence, le juge d’instruction délivre, en août 1997, un mandat d’arrêt contre Arezki Aït Larbi. Un acte inédit en matière de délit de presse, alors qu’une simple convocation suffisait en pareil cas.
Le 10 décembre 1997, journée internationale des droits de l’Homme et après un procès clandestin, le tribunal correctionnel de Sidi M’hamed prononce un jugement, par défaut, de six mois de prison ferme.
Arezki Aït Larbi ne sera informé de ce verdict qu’en mai 2006, lorsque la police bloque le renouvellement de son passeport, en invoquant le mandat d’arrêt. Grâce à une large mobilisation en Algérie et en France, il récupère son passeport en novembre 2006. Le jeudi 26 avril 2007, nouveau rebondissement ! En voulant se rendre en France, Arezki Aït Larbi est interpellé par la police aux frontières qui décide, cette fois, d’exécuter le mandat d’arrêt. Présenté devant le procureur d’El-Harrach, le journaliste est ensuite emmené au commissariat de Cavaignac, puis au Commissariat central où il a été libéré avec une convocation pour le samedi 28 avril.
Présenté au parquet d’Alger le 28 avril au matin, en présence d’une dizaine d’avocats qui se sont constitués spontanément pour assurer sa défense, il s’est vu signifier la cessation des recherches par le tribunal, qui a fixé le procès pour le mercredi 2 mai 2007. Si entre son interpellation à l’aéroport et sa présentation au parquet, Arezki Aït Larbi a été traité avec respect et correction, il a été, par contre, enfermé dans les geôles du Palais de justice, malgré la main-levée du mandat et la mise en liberté immédiate prononcée par la magistrate. Il a été ensuite transféré dans un fourgon cellulaire, avec des prisonniers de droit commun, à la prison de Serkadji où il a été écroué, avant d’être libéré dans la soirée.
Cette procédure d’exception qui a duré une dizaine d’année, appelle plusieurs interrogations :
– Pourquoi délivrer un mandat d’arrêt pour un délit de presse, contre un journaliste qui n’était ni en exil ni au maquis alors qu’une simple convocation suffisait ?
– Pourquoi organiser un procès clandestin pour le condamner par défaut ?
– Pourquoi avoir gardé au secret le mandat d’arrêt et la condamnation, pour les déterrer, une dizaine d’années plus tard, pour on ne sait quelle obscure “bonne” cause ?
– Pourquoi le parquet d’Alger, ignorant la requête de son avocat et les instructions du ministère de la Justice n’a pas procédé aux formalités nécessaires, avant le 5 juillet 2006, pour lui permettre de bénéficier de la grâce présidentielle accordée aux autres journalistes poursuivis pour délit de presse ?
Le comité de soutien à Arezki Aït Larbi, composé d’avocats, de journalistes, d’artistes et de personnalités de la société civile,
– Exprime sa solidarité avec Arezki Aït Larbi et condamne la procédure d’exception dont il a été victime ;
– Invite le plaignant, M. Abdelkader Sallat, ex-directeur au ministère de la Justice, à se présenter devant le tribunal le 2 mai 2006, pour permettre à chaque partie de défendre ses arguments, dans un débat loyal et transparent.
Pour dire :
– Non à l’arbitraire
d’une justice sous influence !
– Non à la violation
des libertés démocratiques !
Tous au tribunal d’Alger (avenue Abane-Ramdane), mercredi 2 mai 2007, à 9 h.
Alger, le 29 avril 2007
Le Comité de soutien à Arezki Aït Larbi
(Contact e-mail : comité_aitlarbi@yahoo.fr)
