Prison à vie pour l’émir Dadou Mustapha

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Le procès des 15 prisonniers membres du réseau de soutien au terrorisme, entamé samedi passé à 9h 15, s’est terminé lundi à 19h avec la condamnation du principal accusé Dadou Mustapha dit Ziad, âgé de 36 ans de la katiba de Tarik Ibnou Ziad de Beni K’sila dont le chef était Soheib, abattu dernièrement à Merdj-Ouamane, à la peine de réclusion criminelle à perpétuité de K.A., 45 ans et de H.K., 42 ans à 5 ans de prison chacun de B.T., 29 ans, de H.F. 35 ans et K.S. 40 ans à 3 ans de prison assortis d’une amende de 100 000 DA chacun et l’acquittement des neuf autres inculpés dont S.A. 71 ans l’agroindustriel bien connu sur la place d’El Kseur et B.M., 58 ans, propriétaire d’un complexe touristique sur la côte ouest.

Le représentant du ministère public, avait pour rappel, contre le principal accusé sur qui pesaient les charges d’adhésion à un groupe de terroriste en connaissance de cause des buts poursuivis par ce groupe d’enlèvement et de séquestration sans ordre des autorités compétentes, de détention d’armes et de munitions interdites de fabrication et d’incitation de crime et au désordre à la peine capitale, contre K.A., 45 ans H.K. 42 ans qui sont les 2e et 3e accusés dont les inculpations sont la participation à un groupe de terroristes en connaissance des buts poursuivis par ce groupe, la peine maximale prime par ce code pénal qui est, explique un avocat la peine de réclusion criminelle à perpétuité et contre les 12 prévenus accusés d’encouragement au terrorisme également la peine maximale prévue qui est selon le même avocat de 10 ans de prison.

L’élément du GSPC Dadou Mustapha a été arrêté le 10 septembre 2006 en possession d’une arme à feu. Son exploitation a permis à la police judiciaire l’arrestation d’autres éléments du réseau.

Selon ses déclarations il serait un membre important du GSPC puisque c’est entre ses mains que transitent tous les produits des rançons et des rackets. Il a cité une rançon de 950 millions et deux extorsions l’une 9 millions et l’autre de 150 millions. Toujours selon ses déclarations, il aurait participé à des nombreux faits d’armes, notamment à l’assassinat de deux policiers à Sidi Daoud, sa ville natale, à une embuscade qui aurait coûté la vie à 30 soldats de l’ANP à Batna et à deux autres embuscades dans la wilaya de Béjaïa l’une à Beni K’sila et l’autre à Bourbatache où des nombreux soldats et gendarmes ont trouvé la mort. Mais son avocat maître Klioua dira, de lui, qu’il aime affubler, se donner de l’importance à l’image de la grenouille de Jean de la Fontaine. Il ajoutera que si on visionnait le CD qui montre les massacres de gendarmes à Tighremt auxquels il aurait participé on ne le verrait nulle part.

A la question de savoir pourquoi il ne s’était pas rendu aux autorités pour bénéficier des dispositions de la loi sur la réconciliation nationale, il répond qu’il avait peur de de son supérieur hiérarchique à la katiba. Concernant les 2e et 3e accusés il leur est reproché d’avoir en connaissance de cause transporté, hébergé et servi de contact et d’appui aux terroriste armé B.T. selon l’accusation il aurait également transporté de nuit rois fois les terroristes armés dans sa voiture et effectué pour leur compte des achats de denrées alimentaires et leur aurait donné son numéro de téléphone pour qu’ils restent en contact avec lui. H.F=; de la région d’Amizour ce qui lui est reproché, en plus d’avoir fait des achats pour les terroristes est d’avoir rencontré par deux fois Dadou Mustapha et d’avoir accepté de lui un portable qui lui sert explique le président à signaler aux terroristes tous les mouvements de l’ANP et de la gendarmerie. A.K.S qui aurait également servi de contact aux terroristes lui est également imputé le fait d’avoir acheté pour le compte des terroristes une certaine quantité d’amonitrate qui sert dans la fabrication des bombes artisanales.

Quant aux neuf autres accusés qui ont fait des achats pour les terroristes ou qui ont sous la menace donné des sommes importantes d’argent il leur est surtout fait grief de n’en avoir pas informé les services de sécurité. “Mais comment pouvez-vous, monsieur le président communiquer s’écrie un accusé, lorsque vous avez affaire à quelqu’un qui a une barbe jusque-là, qui porte une tenue afghane et qui est armé d’un kalachnikov”, l’avocat de B.M., le patron du complexe touristique, qui a sous la contrainte, donné 40 millions, dira à propos, qu’il est facile de parler de terrorisme, ici dans l’enceinte du tribunal archi-sécurisé “mais serons-nous tous autant que nous sommes de dire la même chose, une fois dans le maquis des hauteurs de Tigheremt ? Notre sang se glacerait”. Me Benabid Abdeouhab, ancien bâtonnier de Sérif qui assure avec quatre autres avocats la défense de l’agro-industriel d’El Kseur qui nie avoir donné en deux tranches la somme de 70 millions de centimes, dira à ce sujet que même au cas où son client aurait remis cette somme aux terroristes, il n’aurait été que la victime d’un rackett. Dans sa plaidoirie, qui a ébloui l’assistance l’ex-bâtonnier de Sétif, après avoir rendu un vibrant hommage au président du tribunal M. Abdelah Zebiri pour sa patience, sa grande capacité d’écoute et la sérénité avec laquelle il a su mener le procès, il reprochera à l’appareil judiciaire d’avoir mis dans le même sac son client S.A., ancien moudjahid bien connu dans sa ville pour ses actions bienfaitrices avec des personnages du rang de Dadou Mustapha avec qui il ne partage absolument rien.

Avant de commencer sa plaidoirie, Me Klioua Salim prévient son client Dadou Mustapha dans le box des accusés qu’il lui est impossible de le blanchir et que tout ce qu’il fera servira dans le meilleur des cas à lui éviter la peine capitale. Il lui rappellera aussi que celui qui le défend c’est un avocat de la République algérienne que lui, Dadou Mustapha, avait pour mission de détruire. Dans une brillante plaidoirie où il a également rendu hommage au président de tribunal pour la maîtrise avec laquelle il a conduit les débats il a su par des intonations de voix et une gestuelle appropriées capter l’attention du tribunal et de la nombreuse assistance de la salle d’audience. Et il en profitera pour minimiser les crimes reprochés à son client et mettre en exergue le fait que ce dernier, par mégalomanie, s’attribue des crimes qu’il n’a pas commis, et que 14 ans de vie au maquis, ont barbarisé son client et cette même personne commence à se “réhumaniser” après 6 mois de prison. Pour preuve souligne-t-il c’est Dadou Mustapha qui a indiqué à la police l’existence de 356 jerricans de matière explosive à Akbou pour que le pays n’ait pas à déplorer d’autres drames.

Aussi dans un effet de manche impressionnant, il demandera au président du tribunal d’éviter la peine capitale à son client.

B. Mouhoub

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