Site archéologique à préserver

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A l’échelle de la Kabylie, le village de Djemaa Saharidj, situé dans la commune de Mekla, serait le village le plus peuplé après Taourirth Mokrane. Pour mémoire, il faudrait rappeler que le nom romain de Djemaa Saharidj existe encore dans les archives sous le nom : “Bida Municipium”, c’est-à-dire la “municipalité des eaux”, les fontaines se partageant largement le sous-sol de la région. Si certaines se sont taries au fil du temps, celles qui continuent d’abreuver la population demeurent encore en service “permanent” avec un débit assez important, même si les lieux ont besoin de rénovation. Mais, ce qui importe le plus, c’est bien le sous-sol de ce village millénaire, en raison des vestiges dont il regorge et qui seraient d’un apport conséquent pour l’histoire de notre pays, à l’instar des autres régions qui ont bénéficié de l’attention des archéologues et des scientifiques.

Car, à chaque fois qu’un citoyen creuse les fondations de sa future habitation, une surprise l’attend. Partout dans le village, ce ne sont que vestiges romains sur vestiges romains. A croire que le village romain “Bida Municipium” ne veut rien céder à Djemaâ Saharidj en dépit des siècles qui sont passés.

Déjà, lors de l’implantation d’une école de formation en boiserie et sculpture, dans les années soixante-dix, des découvertes ont été faites, mais hélas, cela n’ont pas attiré l’attention des professionnels de l’archéologie. Ainsi, une amphore de plus de deux mille ans a disparu dans les méandres d’une administration qui n’a pas su en prendre soin. Ainsi des objets, qui auraient dû prendre la place qui leur revient dans les musées, ont disparu sans laisser de trace. Et les rochers, d’une taille imposante, utilisés jadis peut-être comme siège dans les places publiques ou comme fondement d’une quelconque construction dont seuls les archéologues auraient décelé la valeur, demeurent abandonnés aux intempéries. Tandis que d’autres ont trouvé place dans les murs des nouvelles constructions au grand dam de ceux qui ne peuvent que constater la disparition d’un tel patrimoine. Diverses constructions anciennes peuvent être recensées à travers toute la région, vestige d’un passé riche et diversifié, sachant que des rochers aménagés comme cuve pour l’écrasement des olives, d’autres servant de meules aux différentes minoteries qui ont longé la rivière  » Ighzar n’Bouhlou « , risquent de disparaître dans le paysage soit par érosion ou par recouvrement de terre naturellement ou intentionnellement. N’est pas archéologue qui veut ! Selon, certaines rumeurs, des objets précieux auraient franchi les frontières avant l’indépendance pour orner les étagères des musées … ailleurs.

Pour ces pierres-là, d’un poids imposant, il n’y a qu’à  » errer  » à travers champs, pour en apercevoir le long des parcelles, entre les racines des oliviers séculaires, agencées dans les murs en terre, partout dans cette zone que les archéologues seraient bien intentionnés de visiter. Sur l’une de ces pierres, encastrées dans le mur d’une salle qui a longtemps servi de salon de coiffure, face à la place “Aïssat Idir” l’on découvre une image ressemblant étrangement à un coquillage.

Ce qui semblerait indiquer que ces pierres auraient été ramenées d’un milieu marin et, vu leur poids – dirait-on leur masse- l’on ne peut que s’interroger sur les moyens utilisés pour les déplacer de si loin vers si haut ! Et à les voir, taillées en forme de cubes, avec des parois bien droites et des angles bien droits, la maîtrise de l’art de la taille des pierres transcende aisément le côté archaïque de l’apparence. Ces jours-ci, un citoyen a eu la surprise, de découvrir une tombe singulière avec des ossements. Les côtés intérieurs ont été réalisés avec des plaques en terre cuite et il semble que ce n’est pas le cas de toutes les autres découvertes jusqu’à présent. Pourquoi en terre cuite ? Seuls les professionnels en la matière peuvent apporter un élément de réponse. La plaque prend une forme particulière, avec les bords recourbés, certainement pour permettre l’encastrement de la partie latérale, formant une sorte de boite en quatre côtés bien fermés. Cela ressemblerait plus à un sarcophage qu’à une simple tombe.

Les citoyens de Djemââ Saharidj possèdent, chez eux pour la plupart, des objets qui gagneraient à retrouver la place qui leur revient dans un musée, un musée qu’il faudrait penser à créer sur place.

Déjà, considérant que le local situé près de la place du village demeure inutilisé, ils se demandent pourquoi l’on n’en ferait pas un lieu où seraient exposées ces richesses qui n’ont pas encore trouvé leur place. Et pourquoi les professionnels ne se pencheraient pas sur le devenir de ces objets anciens qui enrichiraient le patrimoine archéologique.

Un appel est lancé dans ce sens aux professionnels en la matière, eux seuls capables de sauver ce trésor.

Sofiane Mecherri

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