Azzedine Meddour, cinéaste, a été l’un de ceux qui ont construit avec volonté et talent, un cinéma algérien professionnel sans jamais sombrer dans la standardisation commerciale, Adrar N’Baya, une de ses œuvres majeures, montrait la direction qu’il s’apprêtait à prendre. De Combien, je vous aime à Douleur muette Azzedine Meddour savait que le chemin du calvaire devait toujours se nourrir d’espoir.
Né un certain 8 mai 1947 (date historique pour les Algériens) à Sidi Aich, ville où il a vécu durant son enfance et où il a suivi ses études primaires et secondaires. L’université d’Alger l’a accueilli quelques années pour lui dispenser des études en lettres françaises. Par la suite, il est parti pour l’Union soviétique (URSS) afin d’y suivre une formation dans le cinéma du Vfik de Moscou de 1971 à 1978. Cet artiste racé s’est acharné à parfaire ses connaissances et les techniques dans le domaine cinématographique.
En 1977, il épousa une charmante moscovite Erina qui lui donna deux filles. Toutes les œuvres de feu Azzedine, films ou documentaires démontrent la bravoure, l’acharnement et l’attachement de l’homme à son algérienneté, son amazighité dont il demeurait jaloux et dont il tirait toute sa fierté. Artiste passionné par l’histoire et la diversité culturelle de son pays “l’Algérie”. Cette passion a nourri constamment son œuvre et son combat pour la liberté et la démocratie, Azzedine a su conjuguer intelligence et détermination pour briser les murs du silence et nous montrer les blessures profondes de l’Algérie.
A l’arrogance des pouvoirs incultes, il a su imposer la noblesse de ton et la dignité. Auteur-réalisateur de plusieurs films et documentaires dont La fillette et le papillon, Entre nous, Combien je vous aime, Polisario année 15, Un survivant raconte, Des faits et des faits, La légende de Tiklath, Djurdjura, Le chacal doré et enfin un long métrage en tamazight Adrar N’baya, une réalisation qui lui a valu un succès retentissant, mais qui est né dans la douleur puisque lors du tournage de ce chef-d’œuvre, douze membres de l’équipe sont morts des suites de l’explosion d’une bonbonne de butane à Bouzeguène en haute Kabylie, drame qui l’a profondément marqué et dont d’ailleurs il ne s’est jamais relevé. L’humanisme qui anime ses œuvres l’a conduit à nous révéler la souffrance des autres. Dans chacune de ses œuvres, la sensibilité et la rigueur ont suscité admiration et reconnaissance du public et des professionnels.
Ces qualités lui ont valu un statut de cinéaste international sans que soient altérés son humanisme et son humilité. En tant qu’homme, Azzedine Meddour a su créer autour de lui des liens d’amitié et de respect. Ni l’exil, ni la maladie, ni l’ingratitude des hommes n’ont pu venir à bout de son noble combat. Suite à une longue maladie, Azzedine s’est éteint le 16 mai 2000 à l’âge de 53 ans. Son enterrement a été grandiose et de nombreuses personnalités du monde du cinéma et autres artistes et de nombreux citoyens venus de tous les coins du pays ont tenu à lui rendre un dernier hommage.
Lui, qui de son vivant comptait sur les siens. N’a-t-il pas dit “quand j’aurais tout perdu, il y aura toujours ma tribu derrière moi” Aussi, nous déplorons que cette année, rien n’a été prévu pour commémorer le 7e anniversaire de sa disparition.
C’est vrai qu’on est à la veille des élections législatives, l’année prochaine peut-être on se rattrapera. D’ici là, Azzedine repose pour l’éternité dans le cimetière d’Akabiou, son village ancestral et admire d’en haut la vallée de la Soummam et le majestueux mont du Djurdjura qui l’ont enfanté et chéri.
R. Bouras
