40 ans de cinéma amazigh revisités

Partager

Dans le cadre du FCNFA, les quarante ans du cinéma amazigh ont été revisités, lors d’une conférence animée par Salim Aggar, directeur général du centre algérien de la cinématographique, samedi dernier, au petit théâtre de la Maison de la culture Mouloud Mammeri.

Le conférencier a fait une chronologie du cinéma amazigh de 1979 à 2019. Aggar a indiqué que le cinéma indépendant amazigh est né à Tizi-Ouzou. «Dès 1979, lors du premier festival du cinéma amateur à Tizi Ouzou, des jeunes et moins jeunes se sont affirmés, en présentant des œuvres filmées en super 8 sur la Kabylie et ses traditions séculaires.

Certains ont même fait des films en langue amazighe», dira-t-il. «Dans les années 80, un autre Festival a été initié à Batna. La liberté de ton et l’absence de censure du contenu et de la langue a laissé libre cour à la création. Pour la première édition à Tizi-Ouzou, trois réalisateurs algériens se sont illustrés : Hammoudi Abdelwahab, Ahmed Zir et Djillali Malek», a-t-il ajouté.

L’intervenant indiquera que toutes les projections de films ou de documentaires ont été interdites dans la région de la Kabylie suite aux évènements du printemps berbère dans les années 80. «Le mouvement des cinéastes d’expression amazighe s’est essoufflé et certains réalisateurs, résignés, ont fini par mettre en scène leur œuvre en arabe dialectal.

Il fallait attendre l’après 88 pour revoir des films d’expression amazighe et l’éclosion d’une nouvelle génération de cinéastes. Lors de l’édition du festival du cinéma Amateur de Aïn Defla de 1989, deux cinéastes d’expression amazighe feront leur apparition, en l’occurrence Achour Kessai et Assam Hamimi. Achour Kessai avait réalisé en super 8 un court métrage «Lettre de mon village», présenté en 1987 au Festival amateur de Saida.

Le film montre son village en Kabylie d’Ighil Imoula, mais c’est avec «Le vendeur de neige» tourné en 1991, un film de 32min, qu’il s’illustra comme Premier film en Tamazight diffusé sur l’ENTV. Assam, originaire de Tazmalt, est un cinéaste qui a laissé une empreinte indélébile dans le cinéma national d’expression amazighe, à travers les films qu’il a réalisés, dont celui intitulé «Azal n Tsar» (le Prix de la vengeance), qui le propulsera au devant de la scène en le faisant connaître du large public.

D’ailleurs, ce film a été primé lors du festival du film amazigh qui s’est tenu à Oran en 2003. Il a été distingué de la Mention spéciale du jury, ce qui l’encouragea énormément à continuer sur sa lancée. Le court métrage «Djinns» a été le premier film fiction en tamazight produit par une entreprise de cinéma d’Etat, un court métrage de 21min, réalisé par Chérif Aggoune et produit par l’ENPA», a-t-il poursuivi.

Salim Aggar soulignera : «Trois cinéastes, au parcours cinématographique exemplaire, vont tenter l’aventure du cinéma amazigh. Abderrahmane Bouguermouh avec «La Colline oubliée», Belkacem Hadjadj avec «Machaho» et enfin Azzedine Meddour avec «La montagne de Baya».

Trois œuvres tirées de la culture berbère et surtout qui luttent pour la reconnaissance de l’identité amazighe».

Sonia Illoul

Partager