L’enseignement de la langue amazighe vient de s’enrichir, cette année, avec 40 nouveaux postes et la nouveauté, cette fois-ci, a trait au fait qu’il s’agisse de la première promotion sortie tout droit de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Bouzaréah. Il ne s’agit donc pas, comme nous avons l’habitude de le voir, de diplômés des différents départements de langue et culture amazighes, recrutés après avoir passé avec succès le fameux concours de recrutement d’enseignants mais de professeurs de l’ENS.
Ces derniers sont recrutés d’office (sans concours) une fois leur formation bouclée avec succès au niveau de l’ENS de Bouzaréah. Les enseignants en question ont rejoint leurs postes de travail dans différents établissements scolaires notamment à Alger, en Kabylie, à Ghardaia et dans la région des Aurès. Il s’agit d’enseignants du premier palier (primaire), a-t-on appris auprès des responsables du Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) qui ont accompagné cette initiative, première du genre, tout au long des quatre années qu’a duré cette formation.
Cette première promotion d’enseignants sortie tout droit de l’ENS porte symboliquement le nom de Mouloud Mammeri, l’un des précurseurs et des piliers de la recherche dans le domaine de la linguistique et de la littérature amazighes et également auteur de l’une des premières grammaires de tamazight (Tajerrumt n tmazight). Afin de mener à terme cette expérience inédite à l’ENS, des efforts immenses ont été fournis par toutes les parties concernées notamment par les responsables de la section «langue amazighe» de l’ENS et l’association nationale des enseignants de tamazight.
Ces derniers ont dû faire face à beaucoup d’insuffisances notamment le manque de supports didactiques et pédagogiques ainsi que le manque d’enseignants. La fibre militante dont sont dotés tous les acteurs concernés a été toujours un critère qui a permis de surmonter les écueils, quels qu’ils soient. Il faut rappeler que depuis l’officialisation de tamazight dans la Constitution de 2016, de nombreuses avancées ont été enregistrées concernant notamment l’enseignement de cette langue ancestrale pour laquelle des milliers de militants se sont battus pacifiquement depuis la crise dite berbériste de 1949.
Mais il reste tout de même que de nombreuses embûches empêchent une progression rapide et telle que souhaitée de l’enseignement de tamazight. L’un des problèmes majeurs qui se pose concernant l’enseignement de tamazight, qui a commencé en septembre 1995 suite à la grève du cartable initiée par le Mouvement Culturel Berbère, est le fait que cet enseignement n’est pas obligatoire mais optionnel. Il suffit d’une dispense parentale pour que l’élève en soit privé. Cet élément n’est pas du tout en faveur de l’encouragement de l’enseignement de tamazight. D’autres problèmes émaillent cet enseignement comme l’absence de manuels scolaires répondant aux aspirations des élèves et des parents.
Aomar M.