Assemblée mosaïque et président inconnu

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Alliance présidentielle maintenue, des partis politiques absents en 2002 refont surface et une forte présence des indépendants : tout est réuni pour que la sixième législature ait un visage particulier et ne ressemble en rien aux précédentes.

Le premier constat à faire deux jours après les élections législatives est que le FLN a perdu 63 sièges par rapport au scrutin de 2002, lorsque l’ancien parti majoritaire, sous la houlette d’un Benflis en pleine forme, avait raflé la majorité absolue avec 198 sièges et une pléiade de députés apparentés.

Le score, obtenu dans une conjoncture marquée par les stigmates des évènements sanglants de Kabylie, avait permis au parti de régner, sans partage, sur toutes les institutions de la République, excepté le Sénat où le parti de Ahmed Ouyahia, en net recul à la Chambre basse, maîtrise la situation. Malgré ce recul, Belkhadem, le tout-puissant secrétaire général de l’ex-parti unique, tente de maintenir le cap et se place en colonne vertébrale de la classe politique.

Les deux autres alliés du FLN, Le RND de Ahmed Ouyahia et le MSP de Aboudjerra Soltani, ont gagné chacun 14 sièges. Avec respectivement 61 et 52 députés, les deux partis gardent leur classement originel au sein de l’Alliance présidentielle, même si l’absence de Djaballah des dernières législatives a certainement arrangé, à un certain niveau, les affaires du MSP qui n’a, cependant, pas obtenu les 30 % réclamés par son leader.

Sur un autre plan, le Parti des travailleurs conforte son score de 2002.

Et va au-delà. Puisque le parti cher à la trotskyste, Louisa Hanoune, qui flirte à demi-mot avec le gouvernement de Bouteflika, malgré les appels à la démission de deux de ses ministres, Khellil et Temmar, a réussi à améliorer son résultat portant le nombre de ses députés à 26 au lieu des 21, dont la moitié avait quitté le parti en cours de route, et ce, depuis 2002.

Côté républicain, le RCD de Saïd Sadi a réussi, malgré les coups subis par le parti et les départs à répétition des militants, à garder le chiffre de 19 sièges obtenu en 1997. Cela va lui permettre, au moins, de former un groupe parlementaire, même si sa présence ne changera certainement pas le cours des choses à la prochaine Assemblée.

De son côté, l’ANR de Rédha Malek, en coalition avec l’UDR dans un pôle républicain, fait son entrée pour la première fois au sein de l’hémicycle Zirout Youcef avec 04 députés. La surprise est, par contre, venue du FNA de Moussa Touati qui comptabilise dorénavant 13 sièges, malgré l’échec personnel de son leader qui n’a pas réussi à se faire élire, alors qu’il n’avait obtenu que 08 députés en 2002.

Côté islamiste, l’absence de Djaballah a fait reculer le mouvement à des miettes, si l’on met de côté les performances des héritiers de Hamas. Le MRN, qui a changé de main à quelques jours du dépôt des dossiers de candidatures, n’a réussi qu’à placer 03 députés. Là encore, ni Boulahia ni Djahid Younsi, les deux bourreaux du chef historique, n’ont obtenu les suffrages des électeurs. Le même sort est réservé à l’ancêtre du mouvement, Nahda, qui, lui, n’a eu que 5 parlementaires. D’autres partis, qu’on dit microscopiques, ont fait leur apparition à la lumière des élections législatives de jeudi dernier. Des partis comme AHD 54, le RA, INFITAH et autre FND ont grignoté quelques voix qui leur permettront d’avoir des représentants, quoique sur une touche très symbolique, au sein de l’Assemblée.

Si maintenant la composante de la future APN est connue, le nom de son président ne l’est toujours pas. Il sera, sauf grande surprise, issu des rangs du FLN. Dans les couloirs du parti de Belkhadem, deux noms circulent avec insistance. Au nom de Abdelaziz Ziari, l’actuel ministre des Relations avec le Parlement est élu sur la liste de la capitale, on ajoute celui de Abdelkrim Ghrïeb.

Ce dernier, âgé de 74 ans, plusieurs fois ambassadeur, actuellement en poste à Bamako, au Mali, et élu sur la liste de Tébessa, a cependant les faveurs des pronostics. Car, gênés par le passage, controversé, de Amar Saâdani à la tête de l’Assemblée, les dirigeants du FLN veulent rattraper le coup et proposer un personnage  » présentable  » aux yeux de l’opinion nationale. Même si, au demeurant, le vieux parti nous a habitués à des surprises. Parfois… fatales.

Ali Boukhlef

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