Le cinéma américain en croisade

Partager

Leonardo DiCaprio défend l’environnement et la planète menacée par le réchauffement climatique, Michael Moore pourfend le système de santé américain: deux documentaires américains engagés tiennent la vedette samedi à Cannes, où ils sont montrés hors compétition.

Rouler en voiture hybride et animer une fondation pour la protection de l’environnement ne suffit pas à DiCaprio pour défendre ses convictions écologiques: l’acteur américain présente au festival La 11ème heure, un documentaire alarmiste sur l’état de la planète dont il est co-producteur, co-scénariste et narrateur.

Cette 11ème heure, celle d’avant la catastrophe, celle où il est encore possible de tout changer, affiche son parti-pris pédagogique: des dizaines de spécialistes de l’environnement y détaillent les problèmes d’environnement du globe et leurs causes, avant d’avancer quelques solutions. DiCaprio, 33 ans, ponctue leurs interventions sur fond de mer, de forêt ou de ville-fourmilière.

Réchauffement de la planète, fonte des glaces, hausse du niveau de la mer, déforestation, chute de la biodiversité, développement des maladies liées à la pollution: si les faits sont bien connus, leur accumulation frappe. Ce documentaire, dans la veine de Une vérité qui dérange de Davis Guggenheim, avec Al Gore, lauréat d’un Oscar en février, se fait plus polémique lorsque les intervenants y critiquent vigoureusement la mondialisation économique, « arme de destruction massive par excellence » et la lâcheté du pouvoir politique face aux grandes entreprises. La Maison Blanche apparaît longuement à l’écran.

Autre documentaire attendu, Sicko est un pamphlet filmé sur la face sombre des Etats-Unis dans la veine de Bowling for Columbine puis de Fahrenheit 9/11, qui avait valu à Moore la Palme d’or en 2004.

Moore s’y attaque cette fois au système de santé de son pays, source d’inégalités criantes car privatisé. Selon lui, 50 millions de personnes en sont exclues faute de pouvoir payer leur assurance.

Il affirme que les soins dispensés aux assurés eux-mêmes sont insuffisants, les compagnies d’assurance médicale recherchant la rentabilité à tout prix.

Moore utilise des exemples choc et poignants, comme celui de cet accidenté non assuré, dont deux doigts ont été coupés et qui doit choisir lequel on lui recoudra, faute de moyens. Si les situations que dénonce Moore font froid dans le dos, le film, très applaudi lors de sa projection de presse, se heurte aux limites méthodologiques et au manque de recul qu’on a reproché au réalisateur par le passé et qui finissent pas nuire à son propos, pourtant très pertinent.

Dans sa volonté de combattre un système de santé injuste, Moore dresse un tableau idéal des systèmes de santé français, britannique et canadien, sans évoquer les crises qui les touchent.

Ultime provocation, il emmène trois secouristes malades après être intervenus à Ground zero, après les attentats du 11 septembre 2001, se faire soigner à Cuba.

Les autorités américaines, lui reprochant d’avoir ignoré l’embargo instauré par Washington depuis plus de 45 ans – interdisant aux citoyens américains de dépenser de l’argent sur l’île et donc implicitement d’y séjourner -, ont ouvert une enquête contre lui.

Autres invités de marque du Festival, Bono et Adam Clayton, chanteur et bassiste du groupe de rock irlandais U2. Ils présentent, hors compétition et en séance de minuit, le film « U2 3D », captation de concerts de leur dernière tournée destinée à être projetée en trois dimensions. Ils devaient donner un mini-concert sur les marches peu avant le film.

Partager