Haro sur le pillage du patrimoine

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Les cellules régionales de la Gendarmerie nationale chargées de la protection du patrimoine culturel et historique du pays ont récupéré « plus de 1 780 pièces archéologiques. » Ces pièces de valeur ont été saisies, depuis début 2006, au cours d’opérations menées par les membres de ces cellules, a-t-on appris auprès d’une source au niveau de cette institution.

Entre autres pièces archéologiques restituées à la Gendarmerie nationale, on cite, des fossiles, des pièces de monnaies antiques et des tableaux de peintres célèbres. En somme,

1 784 pièces archéologiques ou classées patrimoine national ont été saisies ou récupérées par ces cellules dans 36 affaires. Nous a-t-on révélé

Toujours selon la même source, « 1 127 pièces, dont

1 031 préhistoriques, antiques, médiévales ou islamiques et allant de la conquête du Maghreb jusqu’à la période coloniale et 96 pièces de monnaies antiques », ont été saisies durant l’année 2006, dans 28 affaires. Toutes ces pièces du patrimoine sont « placées au niveau des musées nationaux », a ajouté notre source.

Par ailleurs, celle-ci a indiqué que « depuis janvier 2007, les gendarmes ont récupéré, dans 8 affaires, 657 pièces parmi lesquelles 3 tableaux du célèbre peintre espagnol Pablo Picasso », dont l’un d’eux a été estimé à pas moins de 25 millions de dinars, celles-ci ont été saisis chez un particulier à Tlemcen. « La statue représentant l’héroïne de l’histoire de France, Jeanne d’Arc a été saisie à Skikda », ainsi que des fossiles. La source a révélé que « même de dents de requins découverts au Sahara ont été récupérées est saisies à Aïn Temouchent ». Ce butin a été subtilisé auparavant par les contrefacteurs de ces objets d’art et du patrimoine dans la même localité.

Questionnée sur la manière dont ils procèdent pour retrouver ces objets, notre source nous informe que « les membres des cellules font périodiquement des visites d’inspection au niveau des associations culturelles, des agences de voyages, des magasins de vente d’objets artisanaux, de brocante ». Ces lieux sont réputés des collectionneurs. Ces visites d’inspection ont permis la récupération de plusieurs pièces archéologiques.

Les régions où ce genre de contrefaçon est le plus répandu, notre source nous indique que ce genre de délit touche nombre de wilayas du pays, « à Oran, les gendarmes ont réquisitionné chez un libraire un volumineux album dans lequel étaient classées quelques 500 pièces archéologiques, essentiellement des dents d’animaux marins volés sur des sites préhistoriques du Sahara au Sud du pays », a-t-elle confirmée. A Sétif, a-t-elle expliqué, 80 pièces archéologiques, dont 25 d’origine et le reste contrefaites, ont été saisies chez un vendeur d’or indélicat.

Poursuivant sur la même lancée, notre source nous informe que les éléments de ces cellules ont également saisi chez un citoyen à Tadjnent à Sétif, « la statue de la déesse Saturne », car celle-ci a été volée dans un musée. Après une perquisition minutieuse en son domicile, les éléments de la gendarmerie ont pu récupérer plusieurs autres pièces archéologiques de valeur. Cette perquisition a abouti à l’arrestation de 6 personnes impliquées dans cette affaire de dilapidation du patrimoine national, déclare la même source.

Même scénario à Souk Ahras, les gendarmes ont mis la main sur un lot de 11 pièces de monnaies de l’époque romaine qui allaient être sorties illégalement du territoire national, alors qu’à Aïn Bechra, dans la région de Skikda, 320 pièces archéologiques ont été saisies et à Timgad, localité située à Batna, 53 objets uniques tels que des moulins à blé, des lampes et 26 pièces de monnaies antiques ont été réquisitionnés, ajoute notre source.

Elle a indiqué, aussi que ces cellules, au nombre de 4 réparties à l’échelle régionale (Constantine, Oran, Ouargla et Tamanrasset), ont été créées en 2005 suite à l’ampleur phénoménale qu’a prise la contrebande d’objets d’art dans notre pays.

Par ailleurs et avant le renforcement des dispositifs de protection du patrimoine culturel et historique national, notre source a indiqué que « beaucoup de pièces archéologiques rares ont été sorties frauduleusement du pays notamment par les touristes étrangers », a-t-elle expliquée. Mais, a-t-elle dit, « depuis que tous les touristes étrangers en visite au Sahara se font obligatoirement escorter par des éléments de la Gendarmerie nationale, la maffia des oeuvres d’art a changé de méthode de spoliation et de vol ». Soulignant, d’autre part qu’actuellement, les acheteurs étrangers des pièces archéologiques font appel à des Algériens pour leur faire passer ces objets précieux.

La même source a ajouté que certains contrebandiers algériens, avant même de vendre les pièces rares pillées au niveau des sites ou volées dans des musées, prennent des photos ou croquis de ces objets afin de négocier leur prix à l’étranger. Enfin, pour mettre un terme à ce trafic, et vu les résultats obtenus par ces cellules, notre source a annoncé la mise en place prochaine par la Gendarmerie nationale de trois autres cellules activant au niveau de trois wilayas, de Tipasa, Illizi et Adrar, afin, ajoute-t-elle de mettre fin à ce scandaleux pillage du patrimoine tant humain que nationale.

Mohamed Mouloudj

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