L’usine de ciment de Sour El Ghozlane a été assiégée hier matin par une foule de protestataires, composée essentiellement de transporteurs et autres personnes, disant être des entrepreneurs ou promoteurs. L’objet de cette grogne était, a priori, d’ordre purement commercial, et les contestataires demandaient le départ du directeur commercial de la filiale ERCC. Devant le portail de la cimenterie, plusieurs personnes interdisaient l’accès à tous les véhicules lourds, les empêchant de prendre possession de leurs chargements. Interrogés, des protestataires se sont présentés comme étant des entrepreneurs, investisseurs, fabricants de parpaings et transporteurs qui se disent victimes, car marginalisés par le service commercial de la cimenterie qui ne veut pas les servir. Après avoir soulevé plusieurs griefs à l’encontre du directeur commercial, les protestataires nous ont indiqué qu’ils continueront de bloquer l’accès de l’usine tant qu’une enquête administrative approfondie n’aura pas été diligentée pour faire le bilan de la gestion commerciale depuis l’installation du nouveau directeur de ce service. Nous avons demandé une entrevue au directeur commercial en question et ce dernier accompagné du P-DG, de son assistant et de son staff a aimablement accepté de nous recevoir. Après avoir passé en revue l’ensemble des griefs avancés par la foule en colère, le responsable assurera que l’usine n’a jamais aussi bien fonctionné depuis son installation. Chiffres à l’appui, le constat est éloquent : de 874 000 tonnes de ciment produit en 2004, l’année 2006 aura dépassé le seuil de production, à savoir un peu plus de 1 000 000 de tonnes. Avec ces références statistiques, le P-DG Abdelkader Bouaichaoui expliquera que suite à une lettre de la SGP, la cimenterie obéit à une nouvelle procédure de distribution et que sept wilayas du pays sont dépendantes de l’usine de Sour El Ghozlane. Avec le plan de consolidation et de croissance économique (PCEE), la priorité revient aux différents projets structurants comme l’autoroute Est-Ouest et les logements sous leurs différentes formules. Toutes les entreprises sont reçues de la même manière et leurs dossiers sont examinés selon les mêmes critères, sans aucune discrimination, affirme notre interlocuteur. Ainsi, selon les dires des responsables de la cimenterie, et après avoir vérifié au préalable dans leurs fichiers clientèles, il s’avère que plusieurs meneurs de la contestation ont été à une certaine époque clients auprès de l’usine, mais que depuis la nouvelle réglementation de la commercialisation du ciment, ces anciens entrepreneurs ne répondent plus à certains critères exigés tel que stipulé dans la nouvelle procédure de distribution de ciment. Allant plus loin, les responsables qualifieront certains de ces agitateurs de « trabendistes chargés d’alimenter le marché parallèle », sur la base de documents retirés de leurs fichiers clientèle. Il faut savoir que le prix du ciment à la sortie d’usine est de 3 500 DA la tonne, hors taxe pour le vrac, tandis que la tonne en sac est proposé à 3 995 DA en hors taxe. Lorsqu’on sait que les tarifs du ciment en sac, pratiqués auprès des revendeurs des matériaux de construction sont de l’ordre de 700 DA le quintal, la marge bénéficiaire est pour le moins juteuse.
Hafidh B.