Un artiste bilingue à découvrir

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l Réserve et pudeur que l’on connaît aux cheikhs du chaâbi, caractérisent le jeune Ait Kara Nassim. Ce sont d’ailleurs ces deux natures qui, pour ainsi dire, l’empêcheront d’éclore dans l’univers médiatico-artistique, un univers de plus en plus médiatique et de moins en moins artistique. Le jeune Nassim est de cette race d’artistes qui s’interdisent la réclame, lui préférant la force du verbe et celle de la mélodie. Tout ceci est bien beau, cependant, l’art, et encore plus le vrai art, doit être connu de tous. Jusque-là, Sissi concoctait son chaâbi dans son ‘’terrier’’. Et arrive dans l’environnement culturel de Bouira, Omar Reghal, le directeur de la culture dont le sens artistique est toujours en alerte. L’homme secouera Sissi pour lui signifier que “sghira ou âmra belhemma” et “ttxil-m, efk-iyi-d ad swegh” appartiennent à tous. les amateurs de la vie. Sissi adhère à la vérité du directeur. Il se laisse faire. Nous essayons de connaître son parcours. Il nous servira des sourires. Sourires quelques fois mélancoliques. Sourires qui cachent mal sa gêne et qui rappellent un peu Kamel Messaoudi. “Ce dernier est d’ailleurs l’une de ses références”, nous dira-t-il plus tard. Mais pour Sissi le plus grand des plus grands, à coté de Matoub et de kamel MEssaoudi, est Amar Zahi. Toujours légèrement mal à l’aise et sans se défaire du sourire, Nassim nous explique qu’il a commencé à gratter de la guitare à l’âge de 09 ans. Dans les années 80, il montera sur scène pour reprendre des qacaïds du terroir. Comme tout débutant cherchant sa voie et sa voix, il commencera par imiter les maîtres du chaâbi. Il accouchera de “Djfitini ya dalma”, son premier album, en 1996. Le deuxième arrivera en 2000 avec une reprise de Kheloui Lwennas. Ce même album sera revu et corrigé pour paraître en 2006. Actuellement, Sissi prépare deux albums : l’un en kabyle, l’autre en arabe. A ces deux produits en chantier -comme d’ailleurs pour les trois premiers- sont associés comme paroliers Arezki Siwam (acteur) et Rachid Ferrah. Ouvrons une parenthèse pour souligner queparce qu’il a évolué dans un environnement quasiment arabophone, Sissi ne maîtrise pas parfaitement le kabyle. Un handicap linguistique qu’il réussira à surmonter jusqu’à concocter un album exclusivement en kabyle. Avant de nous quitter, Ait Kara Nassim a tenu à rendre hommage au directeur de la culture de Bouira pour, dira-t-il, sa volonté de construire.

T.Ould Amar

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