On a toujours cru que les valeurs traditionnelles d’entraide et d’assistance ont disparu de nos montagnes et qu’elles ont été remplacées par l’individualisme, dicté par le froid intérêt et le gain. Il n’en est rien, et les dernières intempéries ont montré que ces valeurs ont toujours cours ! C’est ainsi que dans les villages isolés par la neige et le verglas, alors que les camions qui ravitaillent les populations en gaz et en denrées alimentaires sont portés aux abonnés absents, les gens n’ont pas hésité à partager ce qu’ils possèdent, à s’aider les uns et les autres. Beaucoup de vieilles personnes habitent seules : on a vu des proches, des voisins, des inconnus même, leur proposer spontanément leur aide, des femmes leur préparer à manger. Pour ceux qui se déplacent difficilement, à cause du verglas, on a vu des jeunes, armés de pelles et de pioches, enlever les couches de glace. On a évité ainsi, à ces gens-là, des fractures qui auraient pu leur être fatales.Des malades sont évacués à pied, jusqu’aux endroits où des voitures peuvent venir les chercher. Et faute de gaz pour se chauffer, on a ressorti des réserves de bois, cassé même de vieux meubles pour se chauffer. La sagesse populaire ne dit-elle pas qu’on ne peut être à l’abri de la famine si son voisin a faim, qu’on ne peut être à l’abri du froid si son voisin a froid et qu’on ne peut être à l’abri de l’insécurité si son voisin vit dans la peur ? Là où des autorités locales ont failli à leur mission de secours — des missions pour lesquelles elles ont été élues et rémunérées par l’argent du contribuable — de simples gens, souvent sans grands moyens ont pris le relais. La solidarité n’est pas un vain mot !
S. Aït Larba