Juste avant le 31 août 2005, échéance fixée aux terroristes pour toute repentance, on croyait que l’islamisme armé était presque totalement vaincu.
Mais la réalité du terrain fait apparaître que l’ex-GSPC n’a point cessé de reconstituer ses filières sanguinaires, pour compenser ses centaines de pertes humaines recensées entre 2002 et 2005 et s’ajoutant à des dizaines de redditionnistes signalés dans la même période. Et alors qu’on croyait révolu le temps des attaques spectaculaires, l’organisation terroriste a planifié – une semaine après le Ramadhan 2006 – deux attentats à la voiture piégée, l’un à Réghaïa et l’autre à Dergana, dans la banlieue est d’Alger, avec un bilan de deux morts et 25 blessés dont au moins cinq grièvement. Les deux attentats avaient, a-t-on signalé, une valeur de signal; puisque les semaines suivantes auront été jalonnées d’attaques meurtrières tant à Boumerdès que dans d’autres régions de Kabylie. Les dernières attaques spectaculaires ont eu, rappelons-le, pour théâtre, le Palais du gouvernement et un espace public jouxtant le commissariat de Bab-Ezzouar, et ce, en date du 11 avril 2007. 33 morts et pus de 150 blessés y ont été dénombrés, selon des informations recoupées. L’Algérie qui avait vaillamment surmonté les affres du terrorisme durant les années 90 a paradoxalement failli se découvrir nue devant cette résurrection de l’islamisme armé. Tel un boomerang, la politique de réconciliation nationale s’est retournée, peut-on souligner contre ses plus chauds partisans désignés sous le vocable de partis islamo-conservateurs. Selon certains avis, le terrorisme version 2007 en Algérie semble avoir atteint un niveau stratégique. L’on a plus affaire à des groupuscules de loqueteaux errant en zone semi-rurale à la recherche d’une croûte, sous la pression des forces de l’ANP. Mais plutôt à de (nouveaux) groupes sanguinaires dont la plupart ne sont pas fichés, a-t-on signalé. Sommairement, l’organigramme de la soldatesque locale d’El Qaïda, anciennement appelée GSPC ou GIA, et qui a grossi ses rangs ici et là par de nouvelles recrues, comprend surtout une multitude de réseaux clandestins soutenant les terroristes actifs. L’expérience aura démontré cette année qu’après un démantèlement d’une filière islamiste subversive, l’on s’aperçoit qu’il y en a encore à démasquer.
Exemple : l’arrestation, il y a un mois à Alger, de quatre Lybiens, fortement suspectés d’accointances avec l’organisation terroriste d’El Qaïda Maghreb, aura non seulement permis la neutralisation d’un émir de l’ex-GSPC à Si Mustapha, mais aussi et surtout servi à la destruction d’autres réseaux islamistes sur l’axe Isser – Tiz-Ouzou. Et la traque des cellules de l’islamisme armé se poursuit avec la mise hors circuit d’une dizaine de suspects durant ces deux dernières semaines à Boumerdès et Bouira. Et si l’ANP a remporté dans le même temps d’autres batailles contre les groupes terroristes en Kabylie – avec un bilan de 15 terroristes neutralisés à Ath Yahia Moussa et Ouanougha – le silence de cet ennemi islamiste agissant toujours diaboliquement fait craindre encore une résurgence violente. Les forces de sécurité, sans faiblesse, se mobilisent pour enrayer, a-t-on constaté, d’éventuelles attaques meurtrières.
Salim Haddou
