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Inquiétudes des parents

Demain, sera célébrée la Journée mondiale de l’enfance. Nous n’allons pas évoquer ici les droits de l’enfant à savoir l’instruction, l’éducation, mais de la disparition des enfants qui met toutes les familles en émoi… le dernier eu date. “Avis de recherche : Bouchelouh Yacine âgé de 4 ans, disparu de son domicile le 2 mai à Bordj El Kiffan. Prière de contacter la police ou la gendarmerie ou d’appeler le numéro de téléphone 078 52 39 03 dans le cas où vous l’avez vu”, est une affiche placardée sur tous les murs de la ville de Draâ El Mizan. Si les photos des candidats aux législatives encore collées anarchiquement sur les murs sont totalement ignorées, la photo de Yacine souriant en ce printemps prospère en fleurs attire l’attention. “Qu’a-t-il fait le pauvre ?”, se demande une femme qui attendait son fils Anis, qui allait bientôt sortir de l’école. Comme si son esprit était ailleurs, elle sursaute avant de s’écrier “Rendez-lui la vie”, implore-t-elle Dieu, avant de verser des larmes de compassion pour la famille de Yacine. Comme cette jeune femme, de nombreuses autres mères sont touchées. Depuis que les familles ont eu vent de cette disparition, c’est l’inquiétude générale. Les mères ne quittent plus leurs enfants d’une semelle. Si par le passé, elles n’accompagnaient par leurs enfants à l’école, aujourd’hui, elles ne peuvent plus oublier cette mission. “Bien qu’à l’heure des sorties, je ne sois pas disponible, j’appelle un membre de la famille pour l’accompagner”, nous dit la maman d’Anis.

Durant nos discussions avec les parents, nous avons compris que par ces temps qui courent il est dangereux de laisser un enfant sortir seul. “Quand j’entendais à la radio la disparition du petit Grégory en France au début des années 80, je n’avais jamais imaginé que cela pouvait arriver un jour chez nous. Aujourd’hui, nous sommes devant le fait accompli. Pour moi, c’est de la pure fiction”, nous a confié un jeune homme, père de trois enfants scolarisés. Un peu plus loin, un autre parent nous parle de la disparition d’un enfant à M’Kira en 1994.

“Je suis sûr que les parents du petit Nekkache n’ont pas encore oublié leur calvaire. Aucun signe de vie depuis treize ans. Maintenant, il serait âgé de 21 ans”, nous a rappelé ce père. Si l’histoire de ce dernier demeure un mystère, l’histoire de l’enfant kidnappé l’an dernier à Maâtkas n’a pas pris beaucoup de temps.

Après quelques jours, il a été retrouvé mort dans un puits. Toutes ces disparitions non encore élucidées et ces rapts terrorisent les parents. Si nous parlons de ce sujet, c’est avant tout pour sensibiliser les parents à veiller sur leurs enfants d’un côté ; et pour demander plus de sécurité devant les écoles, lieux fréquentés par ces petits bambins, d’un autre côté. “Les enfants doivent être surveillés constamment. Il faudrait placer devant les écoles des vigiles”, dira un parent. Les rumeurs jettent parfois de l’huile sur le feu. A chaque fois qu’un cas de disparition est signalé, les mauvaises langues inventent d’autres rapts d’enfants dans la région. Comme ce fut le cas, il y a quelques années, quand la psychose s’était emparée des parents auxquels on racontait des histoires d’enfants “volés” et auxquels des organes auraient été enlevés.

La disparition du petit Yacine à qui nous souhaitons un retour sain et sauf auprès de sa famille a réveillé cette peur dans la société surtout qu’au niveau de la wilaya, deux cas d’enlèvement viennent d’être signalés : un ingénieur d’Orascom et le propriétaire d’une huilerie, originaire de Bounouh, en moins de vingt-quatre heures.

Et que dire de tous ces potaches qui prennent le chemin de l’école durant toute l’année notamment ceux qui traversent des buissons pour rejoindre leurs écoles parfois situées à des kilomètres de chez eux. La vigilance est de mise.

Amar Ouramdane

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