Des minutes de rire, rien que du rire….

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Les jeunes animateurs du complexe ont eu la géniale idée de couronner leur manifestation par un match de football d’un genre nouveau. Ils ont mis aux prises comme principaux acteurs des… inadaptés mentaux. Pour immortaliser cet événement, nos jeunes organisateurs ont pris la précaution de filmer l’essentiel de cette fête dont le point d’orgue reste ce match de football évidemment, joué sur l’aire de jeu du complexe par deux équipes de jeunes handicapés mentaux, l’une de DBK et l’autre de Tizi-Ouzou. La rencontre a été suivie par des centaines de jeunes et moins jeunes, ainsi que par des familles aux fenêtres et balcons des immeubles avoisinants. Cependant, de nombreux citoyens n’ont pas eu le privilège de suivre ce match unique en son genre. Ceux-ci ont sollicité des organisateurs la diffusion du match sur écran géant, ce à quoi le directeur du complexe, Youcef Sedki, et les jeunes animateurs, ont consenti en projetant le film en nocturne sur une façade du complexe Yahia-Bacha, couverte préalablement d’un rideau en toile. La foule de citoyens, ainsi que nombre des principaux « acteurs » de la rencontre (Brahim Zinini, Djallal, Rachid, Kheladi…) ont suivi cette projection qui provoquera l’hilarité et l’émotion de l’assistance.

De grands comédiens n’auraient probablement pas rencontré un tel engouement comme ont réussi à le faire nos inadaptés, au point que l’on se demande si c’est bien eux qui sont attardés ? Ce qu’ont concrétisé en tout cas les jeunes joueurs de ces deux équipes, conscients de « l’enjeu » de leur match, au cours d’une rencontre bien encadrée par de jeunes « arbitres » organisateurs compétents, il est vrai, montre qu’il n’y a vraiment pas de différence entre nous et eux. En tout cas, ce jour-là, personne n’a pu résister à ces éclats de rire secouant devant la foule l’image d’un Djallal Oucheli, un p’tit bout de chou qu’un fort vent pourrait emporter, marchant au milieu du terrain de football, tantôt balle devant, tantôt derrière le pied, avec ses chétifs bras brinqueballant et balançant, tels ceux de ces vieux cow-boys de Lee Marvin ou Klint Eastwood en miniature, prêt à dégainer. Et hop, voilà que Brahim Zinini, que tout Draâ Ben Khedda chouchoute et aime, comme Djallal d’ailleurs ou Rachid Kheladi, lui subtilise la balle et c’est la guerre. L’intervention doit être immédiate pour la « réconciliation », avant que notre Brahim, faisant toujours le « grand », le « fierôt », ne s’irrite et s’en aille à la moindre « vexation » d’un ami derrière le grillage. Cinq bonnes minutes de « négociations » et de « diplomatie » étaient nécessaires pour faire revenir nos « footballeurs » sur le terrain de jeu et au « bon sens ». Pour aider et convaincre notre « lourdaud » à reprendre le jeu, des jeunes spectateurs scandent alors derrière le grillage : « Brahim ! Brahim ! Brahim ! » Bedaine en avant, bras en l’air, Brahim revient enfin et fait le tour du terrain saluant la foule qui scandait son nom. Mécontent, Rachid s’irrite à son tour aussi et menace de quitter le terrain, le « mal » gagne d’autres coéquipiers. Connaissant parfaitement leurs tics, nos arbitres « diplomates » réussirent tout de même à les faire revenir à la « raison ». Aux termes de dizaines de minutes de parodie de football, des buts des plus saugrenus, des tirs des plus maladroits, provoquant des fous rires la foule, arrive enfin le moment des tirs aux buts, le match s’étant achevé à « égalité ». Tirs dans les décors et nos footballeurs en herbe jurent par tous les Dieux qu’ils ont inscrit leur but, même si le tir est passé des mètres hors de la cage, sinon c’est encore la menace de quitter le terrain. « L’arbitre » note le but, et c’est encore l’échauffourée de mécontentement de nos « insensés » footballeurs qui par des gestes, qui par des grimaces, qui par leur résolution de quitter le terrain. C’est le moment pour la foule de scander de tout côté alternativement : Djallal ! Djallal ! Djallal ! Rachid ! Rachid ! Rachid !!! Brahim ! Brahim ! Brahim, et ainsi de suite pour éviter la frustration. Inoubliable match en tout cas. A se demander même si ce n’est pas les « normaux » que nous faisons, qui sommes les véritables « inadaptés »…

Antar Boufatis

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