«Panser les blessures psychologiques n’est pas chose aisée»

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La Dépêche de Kabylie : Vous vous êtes retrouvés en face d’une population traumatisée, angoissée. En quoi a consisté votre intervention ?Mohand Tigmit : Le terrible séisme a provoqué en effet un traumatisme psychologique chez de nombreuses personnes. Celles qui ont perdu des membres de leurs familles ou leurs biens (immobiliers) sont marquées à vie. L’ampleur des pertes et dégâts a fragilisé leurs facultés mentales, compromis le fonctionnement psychologique normal. Leur humeur a profondément changé suite au choc : cauchemars, sentiment de peur, angoisse invivable. Les victimes sombrent dans la mélancolie, paraissent distantes, absentes. Certaines sont devenues aphones. Les réactions psychologiques illustrent leur refus de faire le deuil des morts. L’urgence était de les aider à extérioriser leurs souffrances.

Quel est le résultat de cette prise en charge psychothérapeutique deux ans plus tard ?Pour un bon nombre de patients, le soutien psychologique après plusieurs séances commencent à donner ses fruits. On ne demande pas aux victimes d’oublier totalement l’ampleur du drame. Chose qu’ils ne peuvent faire. Mais de comprendre qu’il faut surmonter cette épreuve et tenter de reprendre un rythme de vie normale. Ces derniers mois, beaucoup de personnes traumatisées, ici et là, font le deuil des morts. Ce qui signifie qu’elles sont prêtes à s’adapter avec la réalité. Le soutien psychologique doit s’étaler encore sur une période assez longue, car il y a risque de rechute. Panser les blessures psychologiques n’est pas chose aisée.

S. H.

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