Il n’est pas aisé de cerner l’homme. Et ce n’est sans doute pas cette rencontre avec la presse qui nous contredira. Alors, par bribes, il dit ce qu’il pense du football national, de la sélection, du joueur algérien d’hier et d’aujourd’hui et préconise les solutions pour que cette discipline redore son blason. Après un bref rappel de son parcours footballistique, en tant que joueur d’abord, entraîneur ensuite, et enfin, consultant dans plusieurs chaines de télévisions du Golfe, l’homme de Gigon entre de plain-pied dans les questions, réponses que les deux heures imparties à cet effet n’ont pu contenir.
A propos de son départ du pays, depuis déjà plusieurs années, Khalef, entre autres motifs d’ordre personnels, soutient mordicus que les autorités chargées de la gestion du football » ne font pas confiance à l’entraineur local « . Alors que celui-ci, à l’image de, a-t-il cité, Benchikha, Fergani, Saadane et tant d’autres sont en train de faire le bonheur de plusieurs clubs arabes et leur cote évolue crescendo. A côté de cet argumentaire dont il fait une question de principe, a-t-il soutenu, il justifie son métier de consultant dans la perspective de faire partager son expérience avec les millions de téléspectateurs que la chaine draine à chaque joute internationale. D’ailleurs, plus d’une fois, ses prévisions à propos de tel ou tel match se sont avérées justes. A une question sur son éventuel retour au pays, le conférencier a tenu à placer la barre haut en assenant que sa place n’est pas sur le banc de touche à driver un club mais dans une institution pour servir le football national dans sa globalité. » Je préfère servir le football national « . Concernant cette vague de footballeurs étrangers, africains surtout dont regorgent les clubs algériens, Khalef a avoué être contre cette politique car elle ne sert nullement le football national. » Il y a dans ce pays de jeunes bons joueurs à la pelle qui ne demandent qu’à être pris en charge”, a-t-il asséné. Ce pourquoi, il essuie d’un revers de main cette tendance à aller dénicher dans le continent noir des footballeurs dont le seul désir est de faire de notre championnat une vitrine pour rallier l’Europe.
Changer certaines lois, un impératif incontournable…
Comme solutions préconisées par l’homme qui a fait plier l’Allemagne de Breitner en terre espagnole afin que le football national puisse prendre son essor, il a tenu à insister sur l’urgence de stabiliser le staff technique.
Il n’est pas possible, a-t-il soutenu, qu’un club soit bien huilé et de ce fait en mesure de faire des résultats si le club change d’entraineur tous les trois mois, Tout comme il est inadmissible que les entraineurs aient la latitude de changer de club au gré des offres sans qu’un contrat solide ne les lie au club employeur.
Un impératif, soutient Khalef, que l’administration d’un club ne doit pas prendre à la légère, comme cela se fait dans les pays développés. De plus, parmi la composante du staff technique, un amalgame fait d’un scientifique et d’un empirique est la solution idoine pour faire avancer les choses. Un avis qui peut tenir la route si l’on se réfère à l’expérience qu’il avait vécue avec la JSK des années 80 en compagnie du Polonais Stéphane Ziwotko. » C’était la belle époque « , regrette-t-il. A cette époque là, où les moyens manquaient, seule la volonté nous animait, a-t-il ajouté.
» La Champion’s League ?
Ce ne sera pas facile ! «
Comme il était inconcevable d’éluder le club de ses amours, Mahieddine Khalef parle de la JSK.Comme il était inconcevable d’éluder le club de ses débuts, Mahieddine parle de la JSK comme un père le ferait d’un de ses enfants. D’ailleurs, il a répété sans cesse qu’il est toujours chez lui parmi ce club. Mieux, sur un ton rassurant et non moins convaincant, il affirme que si la JSK devait avoir besoin de ses services, à tout moment de l’année, il était prêt à prendre le premier avion et de gaité de cœur. Quant au parcours des poulains de Azzedine Ait Djoudi, il situe la faille dans le début de la phase aller en disant que « la JSK n’a pas raté le titre à Oran ou à Tlemcen. Mais c’est plutôt dans ce passage à vide qu’elle a subi au moment ou l’Entente carburait à plein régime. Ensuite, lors la phase retour, elle a réussi à remonter la pente pour être aujourd’hui dauphin « .
A propos de l’effectif des Canaris qu’il juge appréciable, Khalef a insisté pour dire que » le gardien Chaouchi est le meilleur du championnat national « . Toujours à propos des Jaune et Vert, Khalef a fait la moue à propos des adversaires maghrébins en lice en cette joute. » Ce ne sera pas facile « , a-t-il laissé tomber en justifiant cette réponse par le niveau atteint par ces clubs et surtout le professionnalisme qui a pris des avancées sérieuses.
On vous le disait, les deux heures imparties à ce face-à-face avec la presse n’ont permis de faire qu’un tour d’horizon avec cet homme qui peut se targuer d’avoir contraint les Allemands à combiner avec leurs cousins germains pour se qualifier au second tour. C’était il y a vingt-cinq ans.
Yannis Zafane