Mévente dans les villages

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Accoudé au mur d’une cafétéria de la localité de Malla, relevant de la région ouest de la commune d’Ath Laâziz, Saïd âgé de 29 ans, déguste son café en discutant avec ses amis des nouvelles du jour et autre actualité. Ils abordent le sujet de la prochaine échéance électorale, “Ah, c’est le moment, ils commencent à nous approcher, de nous saluer… de loin, c’est kif kif ; kif hamou kif thamou, pour moi tôt ou tard, je fuirai cette région. Mon avenir est ailleurs, j’en ai marre, je vais finir avec ce cauchemar”, dit-il d’un air désabusé.

Dans cette commune défavorisée, implantée au nord du chef-lieu de la wilaya de Bouira, la vie est dure pour les habitants, notamment pour une jeunesse abandonnée et laissée à son sort. Leur seule destination reste ces cafétérias qui sont devenues des espaces de loisirs par excellence. Il est à souligner que la région ouest de la commune d’Ath Laâziz regroupe plus de 10 000 âmes reparties à travers plus d’une dizaines de villages et hameaux dépourvus de tous moyens.

Et en absence de perspectives de travail et de formation, la seule préoccupation de la plupart des jeunes reste l’immigration en Europe et pour eux c’est la seule solution.

D’ailleurs ils sont des centaines à avoir décroché un visa pour aller s’installer dans les grandes villes de l’Europe, et pour d’autres travailler dans les villes du pays comme Alger, Oran. « Ath Laâziz pour moi, c’est comme un dortoir, aucune chance de décrocher un boulot ici » enchaîne Mustapha. Sans doute la misère a poussé de nombreuses familles à l’exode vers d’autres wilayas du pays où les conditions de vie sont meilleures. Lors de notre passage dans quelques villages d’Ath Laâziz, nous interrogeront les villageois, un seul mot revient “c’est une misère mon frère”.

Les routes sont sinueuses et impraticables. Il convient de noter que ce n’est pas uniquement la population de la région Ouest qui réclame le désenclavement puisque même les habitants du chef-lieu communal partage le même envie. Ils demandent le revêtement des pistes, l’ouverture des chemins vers les champs d’oliveraies, des maisons de jeunes, des centres de santé et autres infrastructures pour jeunes. Parmi les revendications de la population d’Ath Laâziz, un centre de santé digne de ce nom.

Pour rappel, la commune est dotée d’un seul centre de santé mais qui est dépourvu de moyens. Les habitants sont contraints de déplacer vers le chef-lieu de la wilaya de Bouira. “Si vous avez un cas grave la nuit, ils faut prier Dieu pour le sauver puisque même à l’hôpital de Bouira, rien ne marche, la semaine dernière j’ai évacué un malade et en arrivant aux urgences de l’hôpital de Bouira, ils m’ont demandé de patienter puisque un seul médecin est mis à la disposition des malades pour un service baptisé “urgence”, Dieu merci il existe des médecins privés”, nous dira en colère un jeune.

Face à cette rude situation, des villageois sont à la recherche d’un moyen pour déserter la commune, aux pouvoirs publics donc de se pencher sérieusement sur le cas des communes rurales pour leur rendre espoir de limiter le taux de l’éxode rural vers les zones urbaines.

Amar Fedjkhi

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