L’EPBTP (de nouveau) dans la tourmente

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Le nouveau directeur commis au redressement de l’entreprise est désormais dans la ligne de mire du collectif des travailleurs qui ne demande pas moins que sa tête. Réunis en Assemblée générale en date du 06 juin courant, ceux-ci notent que la “situation socio-économique de l’entreprise ne cesse de se dégrader pour atteindre un seuil très critique”. Ils parlent de la “confiance perdue” des partenaires de l’entreprise, d’abus de pouvoir, de l’inhibition des “forces créatives”, de climat de travail “délétère”. La déclaration de l’Assemblée générale est, en somme, un procès en règle de la gestion du nouveau directeur.

“Tout se passe, y est-il écrit, comme si les missions de l’actuelle direction consistent à vilipender les cadres de l’entreprise et à stigmatiser la gestion de son prédécesseur en attendant la mise en faillite de l’entreprise”.

Voilà donc la nouvelle direction accusée de faire le contraire de sa mission première. Du redressement de l’entreprise, elle aurait ainsi dérivé vers une mission d’anti-gestion visant à aggraver une situation qui n’est déjà pas des plus reluisantes. La déclaration conclut par la nécessité de relever illico le directeur et de lui trouver un remplaçant. Tout cela moins d’un semestre après son installation.

L’enquête déclenchée par la police de Béjaïa avait, pour rappel, mis en exergue un déficit comptable qui se chiffre à plusieurs milliards. L’ancien P-DG ainsi que le commissaire aux comptes sont en fuite. La justice reproche au premier d’avoir dilapidé les biens de l’entreprise et, au second, d’avoir fait mine de n’avoir rien vu d’anormal dans les livrets de comptabilité.

Avec la revendication du départ de la nouvelle direction, L’EPBTP étrenne une nouvelle phase de crise. L’embrouillamini s’installe d’autant que c’est là un nouvel artefact qui vient s’ajouter à la difficulté de lire une situation où semblent s’entrechoquer d’intenses enjeux de pouvoir. Contacté, le directeur général argue de l’”obligation de réserve” et renvoie sur le SGP Indjab, propriétaire de la boite, dont le siège social est à Annaba. Néanmoins, les langues se délient dans l’entourage de ce dernier. S’exprimant sous le couvert de l’anonymat, un cadre entonne un son très discordant de celui du collectif des travailleurs. Il estime que les déboires du DG sont nées de son refus de donner suite à un projet de convention collective dont l’application mettrait gravement en péril les intérêts bien compris de l’entreprise. Les ambitions exprimées par les travailleurs seraient de nature à déséquilibrer notablement les comptes de cette entreprise qui se relève à peine du grabat où l’avait conduite l’ancienne gestion. De ce côté-là on se prévaut d’une démarche “probante” de redressement de l’entreprise. Non seulement l’entreprise est arrivée à honorer ses charges salariales mais aussi à réduire notablement le déficit hérité de l’ancienne direction et à rassurer ses partenaires. La même source pointe le doigt vers une “orchestration menée par les forces de l’inertie et les angoissés du changement” pour entraver l’enquête judiciaire en cours. Le DG contesté se trouvant être partie civile dans l’affaire, c’est-à-dire défenseur des intérêts de l’entreprise.

M. Bessa

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