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Le séjour “zéro étoile” de la famille Ouazib

Abandonnée à son sort, la famille Ouazib vit une situation des plus lamentables faite d’un quotidien morose, qui s’égrène dans l’exiguïté d’une pièce, située au dernier étage du fameux hôtel de l’Etoile de la place Gueydon, au centre-ville de Béjaïa.

“Nous sommes au bord du précipice”, clament les membres de cette petite famille qui désespèrent après le nombre de demandes déposées au niveau de l’APC de Béjaïa pour un logement social.

Une chambre sommairement aménagée fait office d’“habitation” pour cette famille de cinq membres. Tout en se disputant un petit coin personnel, les occupants font chambre commune bon gré mal gré.

Dans la promiscuité de la pièce, la mère nous dira qu’avant même d’être relogés, voilà six ans dans cet hôtel, leur situation nécessitait une prise en charge immédiate puisqu’on leur a attribué le statut de sinistrés. Dans ce sens, elle ajoute que pour les besoins de l’enquête pour l’attribution d’un logement social, l’APC de Béjaïa aurait dépêché une commission pour enquêter sur les conditions de vie de la famille.

Dans le rapport établi par cette dernière, la demeure qu’occupait la famille Ouazib au niveau d’un quartier à Targua Ouzemour a été déclassée du fait de la précarité. Selon toujours ce rapport, l’habitation présentait des fissures aux murs, manque d’aération et d’ensoleillement, entassement exagéré de toute la famille dans l’unique pièce et pénétration des eaux de pluie à travers le mur et le plafond…

La même année, un autre malheur venait s’abattre sur la famille. Les inondations de novembre 2001 ont emporté tout : murs, équipements électroménagers et affaires personnelles. Dans cette nuit épouvantable de novembre, les autorités locales s’étaient dépêchées sur le lieu pour constater de visu l’ampleur des dégâts occasionnés par le déchaînement des éléments. De suite, les familles sinistrées ont été relogées au sein de l’auspice des vieillards pour une durée de 15 jours, en attendant leur recasement définitif. Après expiration des délais, ces derniers au nombre de cinq, ont été appelés à quitter le lieu et c’est à ce moment-là que l’APC intervient une seconde fois pour les recaser dans le fameux hôtel de l’Etoile, où avait séjourné le Président portugais Manuel Texira Gomes de 1931 au 1941.

Quelques temps après, la plupart, les plus aisés financièrement ont quitté l’établissement laissant derrière eux la famille Ouazib, dont les moyens ne lui permettaient pas de louer.

Six ans après le déluge qui a emporté les biens et meubles des Ouazib, la famille regroupée dans cette pièce ne cesse d’attirer l’attention des autorités locales, surtout que l’APC les a saisi par voie d’huissier afin de quitter les lieux. A présent, ces “locataires” tentent tant bien que mal de régler mensuellement les frais de location arrêtés par le gérant de l’établissement à 3 000 DA. Dans ce décor désolant, les biens des Ouazib se limitent à quelques objets personnels entassés parmi le mobilier de l’hôtel. Dans cette pièce, tout est disposé minutieusement de façon à éviter le désordre. Aussi, il faut le dire, la famille partage avec les clients de l’établissement, les sanitaires collectifs de l’étage. Pour ce qui est de l’intimité des enfants et celle des parents, Nadia n’en dit pas plus. Sur cette question sensible, celle-ci nous invite à “imaginer le reste”, ajoutant “c’est ainsi la vie dans un hôtel”.

Les membres de la famille n’ont rien à cacher, puisque entre frère et sœur, les rapports ne sont pas exempts de gêne.

Comme un malheur ne vient jamais seul, une autre épreuve vient s’ajouter à ceux subis depuis six longues années, celle de la maladie du père Omar, âgé de 57 ans, atteint d’un cancer.

Ne trouvant rien à ajouter, sauf pleurer à chaudes larmes sa situation, la mère n’admet pas le fait d’être privée d’un logement social. Elle avoue en sanglots sa crainte de l’avenir. “J’ai peur pour mes enfants si l’état de santé du père venait à se dégrader, que deviendront-ils ?”.

F. Lahiani

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