La guerre de 3 (Réflexions)

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Par : Toufik Douib

Oui 3, ce chiffre qu’on qualifie de plein et bancal à la fois et qui exprime une certaine trinité – pas celle de La religion, mais plutôt de l’Etre. Mes éléments de réponse :

Le 3 faisant partie de mes chiffres « fétiches », devrais-je parler un peu de cette obsession numérale, laquelle est fortement liée à mon adoration pour les langues, notamment le français.

En effet, cela trouve son origine dans ma plus tendre enfance où je révisais mes tables algébriques en même temps que j’ânonnais mon premier GROS bouquin: Le Grand Dictionnaire du Larousse illustré! S’ensuivit des inventions de jeux d’esprit alliant chiffres et lettres, de (modestes) théorèmes de calcul, qui se sont avérées – après recherches – exister déjà (je n’aurai pas été le plus jeune lauréat du Nobel, non) ! J’avoue qu’à cette période, je me mouvais dans une forme d’autisme, même si je cherchais à associer mes proches à mes « lubies » (ils n’avaient peut-être pas la bonne combinaison?).

Le « trouble » a évolué, me poursuivant dans mes années de cursus (ce n’est pas mon baccalauréat en maths qui contredira) – et toujours en analogie avec les lettres. Je garde le souvenir d’un exam de français où à la rédaction, je me complaisais à calculer le nombre de mots à chaque ligne: celui-ci DEVAIT être dénaire (10) du reste, un autre chiffre qui m »inspire » beaucoup; binaire et neutre, paire dont un impair, note du parfait et du pure, noce plate et entière… Je ne m’étends pas davantage.

3 encore, ou ces mots qui ne coûtent rien mais qui peuvent changer la vie, réplique de tout le monde dit « i love you » – les 3 mots étant ceux entre guillemets – mots que je ne dis pas beaucoup ou du tout !

Au fait, je n’ai jamais vu entièrement ce film de Woody Allen – comme bon nombre de ses premiers, à l’époque, j’attendais plutôt le générique de fin pour compter (encore le calcul, oui) les acteurs juifs d’Hollywood! Alarmé du chiffre, je me suis résigné et depuis, j’apprécie ses films, sans polémiquer, sans faire de « Ciné », et sans superstitiosité !

Transition, avec la trisquédékaphobie – peur du chiffre 13 et la Paraskevidékatriaphobie – phobie du vendredi 13 ; l’union du 3 et du 10 m’évoque quelque chose de moins fétiche:

– La trahison; non pas Judéenne ni Pétaine. Plutôt celle du pseudo terroriste qui soule le quidam et qui souille l’Islam, et qu’il soit lui-même musulman est le plus grand drame.

– Le mythe; non pas Olympien ni Marylinien. Plutôt celui que l’Algérie a décroché dans l’Histoire en tenant tête (haute) aux Français et leur narcissisme après 130 années de colonialisme.

– La chance: pas du débutant, ni celle aux chansons. Plutôt celle à saisir des aléas et rencontres de la vie, des gens sur lesquels on peut compter et prendre avis, la félicité d’avoir un nombre incalculable d’amis, pas qu’un être, un numéro parmi. Et puis profiter de moments simples, comme se mettre sur son 31 et se retrouver à 13 autour d’une table d’échange, moments où il se sert à pas calculer ou à tricher, les chiffres étant infinis – pas la vie.

Voilà, pour ma part, disons que je suis (+ de dix ans que je fus) « guéri » de cette névrose des quotas, mais les chiffres restent encore une partie de moi, au petit quotidien de ma vie. Je ne cherche pas forcément leur association, j’ironise au contraire sur certains événements où l’aléa n’est jamais acteur, au fond. L’exemple qui m’apostrophe le plus : mon neveu de 3 ans (encore ce chiffre!) : le fait qu’on soit tous deux nés 12 jours après les deux grands séismes qui ont secoué l’Algérie, qu’il me ressemble beaucoup lorsque j’avais son âge, que son premier mot soit mon prénom, qu’il dessine les mêmes figures, trait pour trait, que moi à l’époque, que tout cela ne soit pas fruit du hasard, cependant ne définira jamais notre fort attachement l’un à l’autre. S’agissant de la guerre de 3, celle qui sévit en chacun de nous: entre Corps, Ame et Cœur (le CAC 40 de l’Etre!), elle a justement lieu d’Etre pour que demeure le secret de l’Homme intact, lettre ou flacon renfermant le noyau et l’essence, le puits où vogue une eau vive de secrets et d’évidences, un paquet de cigarettes usées par l’indépendant et l’accoutumance…

T. D.

A nos lecteurs

Nos remerciements aux lecteurs qui ont contribué par leurs écrits à cette page. Nous promettons à ceux dont les textes ne figurent pas dans ce numéro de les faire paraître au numéro suivant de Aéro-Plume. Prière de participer de plus en plus abondamment.

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