La toxicomanie n’est pas un jeu d’enfants

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La conférence nationale avait pour but de coordonner les activités du mouvement associatif activant dans le domaine de la lutte et de la prévention contre la drogue.

La politique nationale de lutte et de prévention contre la drogue

La drogue ne ménage aucun pays, le danger de ce phénomène mondial n’est pas à démontrer. Ses retombées sur les populations et particulièrement sur la catégorie de jeunes, constituent une véritable hécatombe.

L’Algérie qui compte plus de 70% de sa population qui a moins de trente ans, doit mener des politiques tendant à prévenir et à lutter contre la drogue et les trafics qui la suivent.

Selon les statistiques fournies par l’ONLCDT, 3 à 5% de la population mondiale consomme de la drogue, ce taux représente 185 millions de personnes dont 34 Millions en Afrique. Outre ce chiffre effarant, 5 millions sont atteints de sida à cause de la drogue.

« Le fléau du siècle « , n’a pas épargné l’Algérie. La consommation de la drogue constitue un véritable danger, vu la situation économique difficile que vit la société algérienne. L’Office nationale de la lutte contre la drogue et la toxicomanie qui tire la sonnette d’alarme sur ce désastre a recensé une croissance de 100%, entre 2002 et 2004, dans le nombre de consommateurs de cannabis. Le cannabis reste la drogue la plus prisée par les drogués algériens avant les psychotropes. Étant un pays frontalier du Maroc qui est premier producteur de cannabis avec 60% de la production mondiale et d’autres pays du Sud du Sahara, l’Algérie est exposée soit aux trafics inhérents à la drogue ainsi qu’à sa consommation à grande échelle.

Les psychotropes, un autre mal qui  » prend de l’ampleur  » dans notre pays a été expliqué par les experts du l’ONLCDT par la place qu’occupe l’Algérie dans ce triangle de production et de trafics, ainsi que la difficulté de surveillance des réseaux de trafics qui datent de plusieurs décennies.

Les réseaux de production et de vente passent par l’Algérie vers l’Europe via la Tunisie et la Libye. Cet état de fait rend la drogue omniprésente sur le territoire algérien ce qui donne plus de possibilités d’acquisition pour les consommateurs.

Les narcotrafiquants maghrébins choisissent les frontières algéro-marocaines, El-Bayedh, Naâma, Ouargla, et El-Oued. A la lumière de ces constatations, la région Ouest du pays est la mieux exposée aux trafics de stupéfiants plus que les autres régions du pays.

Les quantités de drogue récupérées par les services de sécurité

L’inlassable lutte des services de sécurité contre ce fléau de drogue qui gangrène et d’une façon périlleuse la jeunesse algérienne, a permi de récupérer des quantités énormes des différentes qualités de drogue. Durant l’année 2005, les services concernés ont saisi 9644,001 kilogrammes de cannabis, 0,103 Kilos du Hachiche, 22,055 kilos de grains de cannabis ainsi que 48 plantes de la même substance. L’ahurissante découverte des services de sécurité reste les 66,55 grammes de cocaïne, 88,736 grammes d’héroïne et 480 grammes d’opium. Ces nouvelles drogues qui font leur apparition dans le monde de trafic de stupéfiants, laisse les services de lutte et de répression de la drogue pantois quant à l’ampleur du désastre. Certaines sources déclarent  » qu’il y a vraiment péril en la demeure, si les chose restent en l’état « . Au cours de la même année, 42 6617 comprimés de psychotrope ont été saisis.

Pour l’année suivante, l’accroissement du narcotrafic est révélateur, pour le cannabis une hausse de 402,285 kilos de plus que l’année 2005 ont été saisis, plus de 7706,15 grammes de cocaïne, 63 grammes d’héroïne et 467 grammes d’opium saisis, ce qui constitue une hausse importante dans la consommation et dans le trafic. Pour le premier trimestre de l’année en cours 5,837 tonnes de cannabis ont été saisis.

Toujours selon les statistiques fournies par l’NLCDT, la catégorie située entre 25 et 35 ans est la plus touchée par le phénomène de consommation de drogue.

Les moyens de prévention mis sur pied en Algérie

La Journée mondiale de lutte contre la drogue n’est pas passée inaperçue en Algérie, en effet, une campagne nationale de lutte et de prévention a été organisée par les différentes associations activant dans ce domaine et les cellules de communication des services de sécurité. Pour sa part, l’ONLCDT au cours de la conférence nationale organisée à l’hôtel El Aurassi, des thèmes récurrents à sa mission principale ont été traités. Les principaux thèmes se résument autour de la situation actuelle du phénomène de la drogue en Algérie avec ses menaces et ses enjeux, la politique nationale de lutte telle que définie par le Plan directeur national de lutte contre la drogue (PDN), les effets de la drogue sur la santé physique et mentale de l’individu et sur la santé publique en générale, ses effets sur l’ordre public, la stabilité sociale et le développement économique. Par ailleurs, l’ONLCDT fait référence aux différentes législations internationales relative au contrôle, à la répression du trafic et du traitement de la toxicomanie. Un autre point traité par les conférenciers est la relation entre le trafic de drogue et les autres criminalités et délinquances, comme le financement du terrorisme par le blanchiment d’argent.

D’autre part, le rôle des institutions sociales de base dans la prévention contre la drogue, entre autres institutions désignées, la famille, l’école et la mosquée.. Etc. Le rôle du mouvement associatif en matière de prévention et de lutte contre le fléau de la drogue, ainsi que l’action de proximité en matière de sensibilisation contre ce danger et le rôle prépondérant de la communication en matière d’information et de sensibilisation contre la drogue ont été abordés par les spécialistes présents.

L’importance de la toxicomanie en tant que problème de santé publique

Le problème de la toxicomanie a évolué d’une manière dangereuse au cours de ces dernières années. Longtemps reléguée à un problème marginal, on assiste aujourd’hui à une évolution flagrante de cette hécatombe. La toxicomanie est cette dépendance physique ou psychique à cette substance qui est la drogue. Les comportements des toxicomanes se traduisent par  » l’assuétude qui est le besoin compulsif de consommer la drogue « . Toute la vie du toxicomane s’organise autour de cet axe que constitue la drogue ou les psychotropes. Dans certains cas, l’abus de consommation de certains médicaments pour des besoins thérapeutiques devient dépendant. Le choix de la drogue dépend souvent de l’acceptabilité culturelle et sociale, du prix, des craintes légales et surtout du type d’effets recherchés.

Le sexe masculin représente 97% des toxicomanes suivis de cure et de traitement.

Les projets de l’ ONLCDT

Pour les besoin de la lutte  » efficace  » contre la drogue et la toxicomanie, l’ONLCDT, prévoit l’ouverture de 15 nouveaux centres de désintoxication dans les CHU d’Alger, avec deux nouveaux centres, Oran, Annaba, Constantine, Sidi Bel Abbas, Sétif, Tlemcen, Tizi-Ouzou et Batna.

D’autre villes auront aussi leurs centres de désintoxication à l’instar de Ghardaïa, Tamanrasset, Béchar, Adrar. L’office de lutte contre la drogue prévoit aussi l’ouverture de 53 centres intermédiaires et une cellule d’écoute dans chaque centre hospitalier.

La lutte et la prévention contre la drogue exigent l’intervention de tous les secteurs et les départements ministériels comme l’éducation nationale dans tous ses paliers, les affaires religieuses, le département de la jeunesse et des sports, celui de l’Intérieur et des collectivités locales, la santé et l’emploi et la solidarité aussi seront de la partie sans oublier l’enseignement supérieur.

En plus des ministères et des départements ministériels, la compagne de lutte impliquera aussi les assemblées élues, les services de sécurité et les douanes.

Mohamed Mouloudj

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