n Par : Sarah Haidar
– Comment t’appelles-tu ?
– On avait donné un nom au vent mais ce n’était que pour l’emprisonner !
– T’es-tu privé de nom pour être libre ?
– C’est la liberté qui m’en a privé pour se réaliser en moi.
– Quel âge as-tu ?
– Je nais à chaque aurore et je meurs à chaque crépuscule.
– Tu es donc comme le soleil.
– Je ne ressemble à rien ni à personne. Le soleil s’est fait emprisonner dans un vocable, pas moi !
– Qu’entends-tu par naissance et par mort ?
– Eternel commencement et éternel achèvement !
– L’homme n’en finit donc pas de naître et de mourir.
– L’homme est un ignorant, il n’a jamais su quand est ce qu’il naquit ni quand est ce qu’il meurt ni comment il a vécu.
– Résumes-tu la vie dans le laps de temps pendant lequel les yeux de l’homme sont ouverts ?
– On peut dormir/mourir les yeux ouverts et on peut vivre/naître les yeux fermés.
– Donc on ne saura jamais distinguer la vie de la mort ?
– On ne pourrait jamais les dissocier !
– Et les exploits que l’homme réalise pendant sa vie, pendant sa perpétuelle naissance, que sont-ce alors ?
– Ils peuvent être des rêves ou de simples idées qu’il croit avoir menées à bien.
– Pourquoi l’on pleure alors quand un être aimé est mis sous terre ?
– Parce que l’on croit qu’il ne rêvera plus, qu’il ne marchera plus endormi dans leur festival de somnambules.
– La vie est donc le chemin que parcourt un somnambule pendant sa mort.
– La vie est beaucoup moins. C’est le rêve d’un somnambule dans lequel il se voit en train de marcher endormi dans un monde qu’il ne connaît pas.
– Et la mort ?
– C’est le rêve où l’homme se voit en train de marcher éveillé dans un monde où il se souvient avoir vécu !
– N’y a-t-il pour l’homme aucune frontière entre la vie et la mort ?
– Il n’y en a point mais il l’invente pour équilibrer les deux parties de son existence.
– Tu affirmes donc que l’homme existe malgré tout.
– Il existe dans son rêve ou dans ce qu’il croit un éveil.
– Quelles sont ces deux parties de son existence ?
– Le sommeil et l’éveil. Dans les deux, l’homme ne fait que marcher dans la nuit les yeux ouverts, donc il ne voit rien, et marcher en plein jour les yeux fermés et il ne voit rien non plus !
S. H.
