L’énergie en Méditerranée en débat

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A cette occasion, plusieurs experts du secteur, ainsi que des responsables de différentes compagnies, se sont, accordés à affirmer que le marché énergétique méditerranéen est caractérisé par une interdépendance des intérêts entre les pays producteurs et consommateurs. Le premier à prendre la parole, n’est autre que le secrétaire général du ministère de l’Energie et des Mines, M. Fayçal Abbas. Celui-ci, en intervenant, à la place de Chakib Khalil, a affirmé que la sécurité d’approvisionnement, maintes fois redemandée par les pays consommateurs,  » ne peut pas être dissociée de la sécurité de débouchés  » pour les pays producteurs et exportateurs. Ces derniers, selon l’orateur, ne peuvent mobiliser des investissements colossaux dans les activités de l’aval sans être sûr de la stabilité de leurs débouchés. En plaidant pour le renforcement des liens de coopération entre les acteurs du marché dans la Méditerranée, le conférencier, a souligné que cette procédure, ne peut être envisageable, que par  » la mise en place d’un cadre législatif stable, compétitif et non discriminatoire ainsi que la mobilisation des investissements nécessaires, de la part des consommateurs, pour la réalisation d’infrastructures de transport et de stockage « . Pour ce qui est de l’approvisionnement du vieux continent par le gaz algérien, le représentant du ministère de l’Energie, a assuré l’assistance que les exportations algériennes en la matière devraient se renforcer durant les trois prochaines années par un surplus de 23,5 milliards de m3. Cette hausse est le fruit de la réception des trois importants projets de gazoducs, à savoir, Medgaz, Galsi, et le gazoduc transsaharien algéro-nigérian (TSGP). Remarquable et remarquée fut la communication du PDG du groupe Sonatrach, M. Mohamed Meziane. Celui-ci, a fait savoir que les prévisions sur lesquels s’accordent les experts,  » reflètent bien l’interdépendance devenue irréversible entre producteurs et consommateurs et conséquemment l’ampleur des défis qu’ils doivent relever ensemble pour satisfaire de manière appropriée les besoins énergétiques ». Ces données constituent, renchérit-il, le fondement du dialogue, de la concertation et de la compréhension nécessaires des intérêts mutuels entre les différents acteurs de la scène énergétique mondiale afin d’assurer la construction des équilibres de l’approvisionnement énergétique sur le long terme. S’agissant maintenant de la problématique posée, avec insistance, par les pays consommateurs, à savoir la sécurité de l’approvisionnement, M. Meziane a tenu à assurer que le gouvernement algérien partageait le même souci.  » La problématique demeure pour les pays consommateurs, mais nous la percevons comme telle, et nous en partageons le souci et nous avons toujours agi et nous agissons encore pleinement en ce sens  » a-t-il précisé. Aux yeux de Meziane, les pays consommateurs devaient, en contrepartie, s’impliquer davantage notamment dans « l’impulsion du mouvement de transferts de capitaux et de technologies en direction des pays producteurs ». Cependant, il a déploré « les rigidités » de la part des pays consommateurs dans le traitement de clause de destination dans les contrats à long terme. Il dira à ce propos ceci :  » Nous avons tous en mémoire la précipitation avec laquelle était traitée la question des contrats à long terme et les rigidités qui ont longtemps entouré celle de la clause de destination « , avant d’ajouter :  » Cette sorte de protectionnisme opposé aux producteurs quant à leur entrée en tant qu’acteur à part entière sur un marché gazier européen réputé pourtant ouvert et dérégulé partout demeure encore pendante « . A titre indicatif, il citera le cas du projet de gazoduc transcontinental (Medgaz), qui devrait lier directement l’Algérie à l’Espagne, estimant inacceptable la situation actuelle de ce projet au regard de la sécurité de l’approvisionnement et du marché. En usant d’un langage de chiffres, le directeur général de l’OME, l’Algérien Mustapha Faïd, a, de son côté axé son intervention sur l’interdépendance énergétique entre les pays producteurs et consommateurs d’énergie. Selon cet expert, la double sécurité d’approvisionnement et de débouchés  » doit se construire à long terme sur la base de relations stables et durables entres partenaires, seuls à même de mettre en œuvre les moyens techniques et humains nécessaires « . Concernant les inquiétudes formulées par les pays européens en matière de sécurité d’approvisionnement de gaz sur les moyens et longs termes, M. Faïd, a pris la peine de les justifier par les prévisions de baisse de la production domestique de l’Union européenne (UE) entre 127 et 173 milliards de cubes m3 à l’horizon 2030 contre 239 milliards m3 en 2005. Parallèlement, la consommation de ces pays devrait se situer aux alentours de 666 milliards m3 en 2030 contre 537 en 2005, soit une hausse de 24%, et par conséquent induire, une hausse de 50% du prix du gaz d’ici à cette période. Dans le même sillage, la dépendance de l’UE vis-à-vis des importations gazières devrait, selon Faïd, passer de 57% en 2005 à 80% voire 90% en 2030. Il convient de signaler que cette rencontre a été marquée par la présence de M Cirelli, P-DG du Gaz De France, et M Mestrallet, P-DG du Suez. Leurs interventions respectives se sont focalisées sur la nécessité de développer davantage les investissements dans les activités de transport et de stockage d’un côté, et de l’importance croissante du rôle joué par les organismes de régulation en Europe pour garantir la sécurité et la régularité de l’approvisionnement d’énergie de l’autre.

Salah Benreguia

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