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L’éternelle sinistrée

Sérieusement ébranlée par la terrible secousse du 21 mai, la wilaya de Tizi Ouzou n’a jamais eu droit à une réelle prise en charge. Officiellement, les autorités y ont recensé trois communes sinistrées, et près de 4 000 habitations endommagées. Aujourd’hui, deux ans après les faits, les citoyens sont unanimes à qualifier la gestion de la crise de catastrophique. A leurs doléances, pourtant urgentes et légitimes, les pouvoirs publics ont parfois répondu par le silence, d’autres fois par l’indifférence, souvent, très souvent, par le mépris. Face à la catastrophe, l’Etat a réagi très tardivement. Au moment où les premiers chalets commencent à être installés à Boumerdès et à Alger, vers septembre, la wilaya de Tizi Ouzou était encore au stade des… recensements. Les travaux de réfection des constructions étatiques et collectives avancent titmidement alors que les autres habitations (majoritaire) continuent de recevoir les agents du fameux CTC pour évaluer les dégâts et procéder au classement “par couleur”.Malheureusement pour ceux-la, les choses n’ont resteront pas là. Alors que les sinistrés de Boumerdès et d’Alger ont bénéficié d’un traitement plus au moins avantageux, lequel s’est traduit par un octroi quasi automatique, des indemnités (20 millions de centimes pour chaque maison touchée), ceux de Tizi ont été tout simplement scandalisés par les montants qui leur ont été alloués. Il y a tout juste un an, nous publions, dans ces mêmes colonnes, l’incroyable histoire de ce citoyen de Tadmaït qui “a bénéficié” d’une indemnité de 2200 DA pour procéder à la restauration de son domicile classé “vert 2”. Dans une autre édition, un représentant du CTC avait reconnu que l’étape consacrée au évaluations techniques n’était toujours pas clôturée et que l’octroi des dédommagement butait sur une multitude de lacunes. Si, depuis, beaucoup d’efforts ont été fournis pour combler les innombrables imperfections, le sort de certaines familles sinistrées demeure toujours aussi incertain. A Tadmaït toujours, nous apprenons que l’écrasante majorité des habitations classées en “orange 4” ne sont toujours pas restaurées. Il est inutile de préciser que cette démarche devrait être initialement effectuée dans un délai ne dépassant pas les 12 mois, comme ce fut la cas dans d’autres wilayas. Pire encore, et en dépit du recasement de nombreuses familles à Boukhalfa, où des logements ont été spécialement attribués aux sinistrés de Tizi Ouzou, près de 130 autres demeurent installées dans des tentes de fortune à la piscine olympique et au site de l’ENIEM, à la sortie “est” de la ville. Ces laissés-pour-compte, ont été royalement ignorés par les autorités qui refusent de leur reconnaître le statut de sinistrés et insistent pour leurs cas soient étudiés et pris en charge par des structures relevant du social. Le bras de fer n’a que trop duré, et aucune option de dénouement n’est actuellement prévisible. De fait, et dans l’attente d’un salut qui semble de plus en plus improbable, les locataires des deux sites continuent de subir un quotidien amer et déplorable. Les décors que nous avons découverts sur place sont tout simplement insoutenables. Ces familles amassées dans ce que l’on pourrait difficilement comparer à des tentes, sans eau courante, ni larines convenables, font comme vivre dans un autre temps. Quand on sait que la dernière visite d’un officiel dans ces camps remonte à janvier dernier (le P/APC de Tizi Ouzou s’y est rendu lors de la dernière vague de froid), l’on saisit mieux le désarroi de ces familles, dont l’avenir est, présentement, plus incertain que jamais. Quoi qu’il ait été dit, quoi qu’il a été fait, la population sinistrée de la wilaya ait été bel et bien victime d’un traitement défavorable. Il suffit juste d’établir un simple comparatif entre les aides allouées aux deux wilayas de Boumerdès et Alger et celles attribuées à Tizi Ouzou pour constater les flagrantes dissemblances. Les retards accusés dans les travaux de réhabilitation n’y sont aucunement inclus. Toutefois, nous ne sommes pas mieux placés que les autorités en charge de ce dossier pour affirmer, à toutes fins utiles, qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Ahmed B.

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