Port altier, feuillage persistant, écorce brun clair à gris clair marqué de profondes rides liégeuses et spongieuses, le chêne-liège fait figure de nec plus ultra, n’ayant rien à envier en matière de rusticité aux résineux et autres arbres composant notre patrimoine sylvestre. Accaparant à lui seul 54 000 hectares de forêt, le chêne-liège occupe le plus vaste territoire sylvestre de la wilaya de Bgayet, loin devant le chêne-zen, le chêne-vert et le pin d’Alep. Il colonise la plupart des massifs forestiers tels que Akfadou, Bouhatem et Taourirt Ighil. Ses multiples usages dans le domaine économique fait du chêne-liège l’une des espèces végétales les plus convoitées.
Son bois trouve des débouchés dans le chauffage et la menuiserie alors que le liège (suber) extrait de l’écorce est employé pour la fabrication de bouchons, semelles, flotteurs et comme isolant dans le bâtiment.
Production en déclin
La suberaie de la wilaya de Bgayet s’amenuise au fil des ans et la production de liège dont la récolte se fait une fois tous les 8 à 10 ans épouse la même courbe descendante. De 10 000 stères (1 stère =1m3) dans les années 60 et 70, la production est tombée à
3 500 stères seulement ces dernières années, soit une chute de près d’un tiers du volume de la récolte.
Le facteur anthropique en est essentiellement la première cause. Le saccage intempestif est sans répit dû aux incendies se traduit annuellement par la perte de vastes étendues boisées. Pour la seule année 2006, pas moins de 3 000 ha de formations végétales sont réduits en cendres. Un triste record !
Les coupes illicites et les activités sylvicoles pernicieuses telles que le démasclage contribuent aussi largement à la destruction de ce précieux patrimoine. Y concourt mais dans une moindre mesure, une maladie causé par le Lymantria Dispar, un ver dont le potentiel de nuisance est responsable de la mort d’une centaine d’arbres.
Le PNR au secours de la suberaie
Pour inverser la tendance, il faut enrayer cette spirale destructrice et reconstituer ce que les pyromanes et les ennemis de la nature ont frénétiquement saccagé, telle est la mission dévolue aux services de la Conservation des forêts par le truchement du Programme national de reboisement (PNR). La première partie de ce programme étalée sur cinq ans (2001-2006) s’est soldée par le repeuplement de 1 432 ha de chêne-liège et le reboisement de 1 116 ha de résineux. La deuxième partie du PNR (2007-2010) prévoit le reboisement de 870 ha de chêne-liège et 685 ha de résineux.
Il est prévu, pour ce faire, la production de 100 000 plants de chêne-liège dont la disponibilité sera assurée par 4 pépiniéristes privés, retenus par voie d’adjudication.
Nacer Maouche
