Le rouleau compresseur de Zerhouni

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Une loi qui donnera un autre tour de vis à la libre activité des formations politiques, déjà sortis avec beaucoup de dommages, notamment leur crédibilité à ras de terre, suite au cinglant camouflet du 17 mai dernier. Si certains acteurs politiques y voient la remise en cause des acquis démocratiques chèrement payés après les évènements d’octobre 88, le ministre de l’intérieur ne l’entend pas de cette oreille. Il tente, sans trop convaincre, de rassurer son monde par des arguments qui font beaucoup plus dans la controverse et la polémique.

 » Nous n’avons pas dit que ce projet réglera tous les problèmes qui entravent l’évolution de l’exercice démocratique en Algérie. Nous allons le renforcer par d’autres dispositifs à travers l’amendement de certaines lois « , a-t-il affirmé récemment avant d’ajouter  » la loi sur les partis politique devra être corrigée en apportant des propositions en mesure d’améliorer l’activité partisane « . Le mot est lâché et rien ne pourra arrêter le ministre de l’Intérieur dans son objectif sibyllin de mettre sous le boisseau les partis politiques en procédant à des liftings juridiques. Promulgué par ordonnance en 1996, cette loi passera devant le conseil du gouvernement avant d’être soumise au conseil des ministres. Ensuite, elle sera proposée à l’appréciation des deux chambres du parlement. Une manière très habile et mais surtout sournoise, de se laver les mains de toutes accusations des partis qui verraient dans ce projet de loi, une arrière-pensée politique malveillante visant à réduire le champ politique. C’est aussi un vieux procédé pour contourner la “légifération” par ordonnance présidentielle, un mode adopté par le Président Bouteflika dans l’expression de son mépris pour une assemblée claudicante, et de ce fait rejeter l’entière responsabilité sur les députés du peuple, eux qui auront à trancher sur l’avenir du libre exercice de l’activité politique. Si l’ancienne mouture prévoit des conditions et des écueils, pour la création de partis, facilement franchissables, les amendements qui se trament seront, selon des indiscrétions, de véritables tours inexpugnables à dépasser comme cette exigence d’avoir une représentation importante dans au moins  » 25 régions  » du pays au lieu de l’association de  » 15 personnes « , comme stipulé dans l’ancien texte. Même certaines formations parmi le peloton des neufs formations ayant passé le cap de la loi électorale et qui prônent l’option du boycott devront remuer leur langue  » sept fois  » avant de décider de dire quoi que ce soit. C’est le cas du FFS. Un parti qui entretient une relation charnelle avec le boycott des élections concoctés par pouvoir. Selon toujours le nouveau texte, tout les partis seront appelés à déposer leurs bilans et assainir leurs situations organiques dans le respect des délais. Le cas échéant, ils seront soumis au glaive de la loi. D’ailleurs, les services du ministre de l’Intérieur ont adressés récemment des correspondances aux états-majors des partis politiques les enjoignant de se conformer à la loi. De nombreuses formations n’ont pu tenir leurs congrès dans les délais impartis par leurs statuts et leurs lois intérnes.

HocineLamriben

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