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Mustapha en tournée, digne héritier de son père

A l’occasion du premier anniversaire de la mort d’El Hachemi Guerouabi, c’est son fils, Mustapha qui s’est rendu dans la wilaya de Bouira pour y animer plusieurs galas du 17 au 19 juillet. Originaire d’El Hakimia dans la daïra de Sour El Ghozlane, par son père, le maître du chaâbi lequel lui, avait pourtant vu le jour à Alger, avait pourtant été empreint de la culture de cette région. Les grands-parents maternels de Mustapha étaient originaires d’Azzefoun. C’est en perpétuant l’art du chaâbi et en suivant les traces de son père que Mustapha, à travers une discussion amicale, dans le bureau du directeur de la culture de Bouira, s’est exprimé à cœur ouvert en abordant divers sujets qui lui sont chers. Après avoir séjourné en France durant plusieurs années, le fils du monument du chaâbi déplore cette absence auprès de son public, après le récital donné mardi soir à Sour El Ghozlane, c’est toute une pléiade d’émotions qui a refait surface. Le public fidèle n’a pas oublié Mustapha Guerouabi et c’est un accueil plus que chaleureux qui lui a été réservé. Pour l’artiste qui a été plébiscité par plusieurs organisations à travers le monde afin de commémorer la date anniversaire de la mort du Cheikh, il n’était pas question d’ignorer la wilaya de Bouira, région qu’affectionnait particulièrement El Hachemi. C’est justement pour lui rendre hommage dignement, que Mustapha a pris l’initiative de créer un conservatoire de musique à Sour El Ghozlane, pour peu que les autorités locales fassent preuve d’un minimum de disponibilités. «Lors du récital de mardi dernier, les autorités locales m’ont superbement ignoré et aucun geste n’est venu de leur part pour contribuer au déroulement de cette commémoration… j’espère que les mentalités bureaucratiques vont changer pour que je puisse accomplir à bien la mission dont je suis investi, c’est-à-dire la création d’un conservatoire de musique au profit des jeunes talents de la région…..C’est une opportunité à saisir pour que les jeunes ne soient plus la proie des multiples fléaux qui sévissent…». Pour Mustapha qui travaille toujours en France au conseil des Prud’hommes, le devenir de la culture chaâbi lui tient énormément à cœur, et la nostalgie du pays ronge le cœur de l’artiste qui ne désespère pas de promouvoir et de perpétuer la mémoire et les œuvres d’El Hachemi Guerouabi. Des œuvres qui d’ailleurs ont été longuement étudiées par Abdelkader Bendaâmache dans un ouvrage consacré essentiellement au maître du chaâbi. Toujours présent dans le cœur des Algériens grâce à ses qualités humaines, le cheikh qui de son vivant n’avait jamais refusé une invitation afin d’animer des soirées de mariage, avait longuement sillonné les quatre coins de l’Algérie et du monde. C’est cette culture universelle que cherche à perpétuer Mustapha qui semble décidemment convaincu de réaliser son rêve. ‘’L’ouverture de ce conservatoire sera un moyen de rendre un hommage digne à mon père qui a sacrifié même sa vie privée pour satisfaire son public’’. A propos de la culture en Algérie, Mustapha tiendra à remercier Mme la ministre pour sa disponibilité permanente au service de la culture. ‘’ Mme la ministre a permis de redorer le blason de la culture en lui rendant ses lettres de noblesse, fort heureusement car l’ENTV demeure l’éternel absente lors de ces manifestations commémoratives’’. Justement, le fils de Guerouabi s’étonne du marasme de la Télévision algérienne et dénonce la gabegie que connaît cette dernière. “Je me rappelle que la RTA à l’époque avait favorisé les étrangers au détriment des artistes algériens. Ces étrangers étaient rémunérés à prix d’or tandis que les Algériens étaient exploités, voire même le plus souvent ignorés.’’ En avançant différents arguments de taille contre l’audiovisuel, Mustapha dira avoir tourné différents courts métrages avec son défunt père mais aucun d’eux n’a été diffusé. «Une aberration flagrante, c’est pourquoi je dis que c’est Mme la ministre qui fait le travail de l’ENTV, et ce, jusqu’à ce que les privés soient autorisés à investir dans l’audiovisuel. Pour anecdote, mon père était le premier démissionnaire de ce qui était la RTA, car les responsables de l’époque lui avaient interdit de se produire dans les fêtes. Cela s’est passé en 1968. Depuis, les injures à son encontre se sont répétées. Quelques mois avant sa mort, il avait été invité par l’ENTV pour un plateau télé, arrivé devant la porte de cette institution, le gardien lui a demandé son badge de visiteur. Etonné d’être accueilli de la sorte, il a fait demi-tour en laissant l’émission se dérouler sans lui.» Toujours en se remémorant son père, Mustapha avouera que le cheikh vouait une grande admiration pour El Hasnaoui et Idir, pour lesquels il avait un très grand respect. La série de récitals s’est achevée jeudi soir à Lakhdaria en présence d’une nombreuse foule. Notons enfin que la représentation de mercredi dernier animée sur l’esplanade a connu un monde fou, d’après le directeur de la culture, pas moins de 2 500 personnes ont assisté à ce concert, le tout dans une ambiance plus que conviviale et dans un cadre familial. Il faut dire que Mourad Zirouni, animateur en cette circonstance, a su mettre la foule en condition.

Hafidh B.

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