Le Congrès Mondial Amazigh ( CMA), ONG internationale de défense des droits du peuple amazigh, présidé par Belkacem Lounes, est montée au créneau suite aux propos tenus par, Nicola, Sarkozy, le président français, à l’occasion de sa récente visite en Algérie. Ce dernier, dans ses déclarations à la presse n’a, à aucun moment, soufflé mot sur la langue et l’identité amazighs de l’ Algérie, préférant surfer uniquement sur l’onde » arabo-islamique » de notre pays. »
L’identité amazighe distincte de l’identité arabo-islamique, est présente en France depuis plus d’un siècle mais aussi et surtout dans tous les pays de Tamazgha (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Egypte, Mali, Niger Mauritanie et Iles Canaries) « , écrit le CMA dans une lettre adressée au locataire du palais de l’Elysée.
Le CMA reproche au président Sarkozy d’avoir tenu des propos qui » tendent à soutenir les politiques de marginalisation du peuple Amazigh « , et ce, » en niant l’existence de plus de dix millions d’algériens Amazighs, en occultant leur histoire, leur civilisation et leur langue. « . Estimant que la Constitution Algérienne reconnaît l’amazighité comme un des fondements de l’identité algérienne et que la langue amazighe a été reconnue langue nationale depuis avril 2002, le président du CMA s’interroge sur les dessus de l’intérêt pour la France de faire de l’Algérie un pays plus arabe et islamique qu’il ne l’est ? Il rappelle que les citoyens amazighs, attachés à leur culture et aux valeurs de laïcité et de tolérance, ne souhaitent pas que les politiques d’arabo-islamisation mises en œuvre dans leur pays d’origine, leur soient appliquées en France.
En rappelant les engagements pris par le président français lors de la campagne électorale dernière, notamment en matière d’enseignement et de la promotion de la langue amazigh, M. Lounes demande à ce que la France prenne en compte cet aspect pédagogique » avec plus d’objectivité, sans parti pris ni révision des réalités historiques » ainsi que la concrétisation de la création d’une radio ou de programmes radiophoniques ou audiovisuels ou d’une maison de la culture berbère.
Politique discriminatoire d’Alger
Sur un autre, chapitre, celui du projet d’union de la Méditerranée, lancé récemment par la France, le CMA se dit concerné par cette initiative d’autant plus que cette communauté est forte de deux millions de citoyens en Hexagone et de plus de trente millions dans les différents pays de Tamazgha. » Lorsque les principes démocratiques sont bafoués, lorsque règne la corruption et l’abus de pouvoir, lorsque la répression d’une excessive violence répond aux revendications citoyennes en toute impunité, comme pour les crimes commis en Kabylie durant le Printemps noir 2001 (126 morts et 5000 blessés), il ne reste plus aucun espoir d’une vie normale pour les citoyens. « , explique-t-il avant de renchérir » qu’en perte de confiance dans l’avenir, les acteurs économiques ne peuvent investir et créer de la richesse et des emplois.
Dans ces conditions, la fuite des capitaux et des cerveaux est inéluctable et aux yeux des populations du Sud, la rive nord de la Méditerranée ne peut pas ne pas apparaître comme un eden à conquérir coûte que coûte. » Pour cette ONG de défense des droits des Amazighs, la politique algérienne de discriminations à l´endroit des Amazighs et les persécutions menées contre les citoyens de Kabylie ont poussé à l’exil en France des dizaines de milliers de personnes de cette région, dont un grand nombre est actuellement en situation de demandeur d’asile. Le premier responsable du CMA voit dans » le respect des principes de bonne gouvernance politique et économique au sein de la future Union de la Méditerranée » un gage de confiance et de réussite » de toute perspective de paix sociale et de développement « . Pour asseoir une relation durable avec les pays de Tamazgha, le CMA table, pour conclure sa longue missive, sur une politique de concertation préalable avec la communauté amazighe établie en France et celles vivant au -delà de la Méditerranée.
Hocine Lamriben