Aïn Lazra : une localité laissée-pour-compte

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Dans le lot des villages reculés et oubliés dans la daïra de Kadiria figure la localité de Aïn Lazra. Située au sud-ouest, à 6 kilomètres du chef-lieu de la commune de Djebahia, Aïn Lazra n’était qu’une cité de recasement édifiée par le colonialisme français pour regrouper toute la population.

Elle compte quelque 3 000 habitants. Les gens avaient bâti leurs demeures en terre et en chaume. Une quinzaine d’anciennes maisons marquent encore l’histoire de la contrée. Délocalisés et implantés sur un terrain qui s’avère appartenir à un privé, les citoyens vivent de cauchemar et cette situation leur cause des désagréments.

Les citoyens ont rénové leurs constructions en R+ 1 ou R+ 2 mais pour s’y rendre, le visiteur doit emprunter la bifurcation de la sortie de l’autoroute Est-Ouest au niveau du carrefour de Djebahia pour ensuite accéder au CW qui mène à Aïn Lazra.

Signalons aussi que ce chemin desserte Boulerbah via Lahguia et Aïn Bessam via El Mokrani en passant par Oum-El-Hadjar. Selon les déclarations des citoyens, la route est dégradée sur les deux directions (Boulerbah et Aïn Bessam).

Lors de notre déplacement sur les lieux et à peine avons-nous parcouru 300 mètres que la dégradation de la route commence. Cet axe routier a été refectionné mais les citoyens dénoncent la qualité des travaux car le bitume se détériore par couche en plusieurs endroits engendrant des crevasses et des nids-de-poule. Aussi, il faut souligner que la chaussée a subi des affaissements faute d’entretien et d’inexistences de caniveaux pour canaliser les eaux de pluies. Durant tout le trajet, les voyageurs subissent l’état piteux de la route et le problème de l’électricité. A l’entrée du village se trouve l’école primaire. Devant cette institution éducative et à quelque dix mètres de la cantine scolaire, les citoyens jettent les ordures ménagères depuis longtemps. Pour le visiteur, cette situation, ô combien déplorable, entraîne la désolation, l’inquiétude et des interrogations. Le directeur de l’école est en congé, nous n’avons pas pu nous renseigner et savoir quelles sont les dispositions que ce responsable avait prises. En principe, le chef de l’établissement doit avertir les autorités compétentes et s’inquiéter sur la santé et l’hygiène des élèves. Deux autres dépotoirs des ordures ménagères se trouvent à proximité des habitations et à quelque vingt (20) mètres de la porte d’entrée de la mosquée. Là, les ordures sont à la limite de la chaussée. L’autre se situe au centre des vieilles et des nouvelles constructions.

Les services de l’hygiène de l’APC sont absents. Pour préserver la santé des citoyens, il faudrait procéder à l’enlèvement et au ramassage des ordures ménagères. Les citoyens dénoncent le silence des autorités locales de la commune et crient à la marginalisation et à l’oubli. D’une façon générale, les citoyens qualifient leur village de “cité poubelle”.

A Aïn Lazra, les problèmes sont multiples et ne cessent de s’accroître. Commençons par le développement rural. La localité n’a bénéficié d’aucun projet. Les habitations sont soit précaires soit modernes. Bâties à l’époque coloniale, certains ont rénové leurs habitations après avoir démoli les anciennes. Ces constructions sont à la charge des propriétaires. Tous les citoyens déclarent qu’ils n’ont bénéficié d’aucune aide car, disent-ils, leur situation est purement administrative. Le terrain en question suppose l’équivoque et l’ambiguïté. Il s’avère pour les uns que le terrain appartient à un privé et pour les autres, aux biens de l’Etat. Quelle que soit la raison, le citoyen ne doit pas être la victime car il estime que sa construction est licite.

Si le terrain est un bien de l’Etat, il faut appliquer la procédure administrative qui régit le foncier et charger l’institution financière de délimiter les lots pour lancer l’opération de cessation des biens de l’Etat en vue d’attribuer des actes de propriété aux citoyens et leur permettre de bénéficier de l’aide octroyée par l’Etat dans le cadre du RHP ; dans le cas contraire, il faudrait exproprier et indemniser le (s) propriétaire (s). En été, les appareils électroménagers fonctionnent difficilement. La situation cause des mécontentements et des désagréments à la population.

Une quinzaine d’habitations ne sont pas alimentées en courant électrique. Le propriétaire d’un terrain refuse à la Sonelgaz l’emplacement de poteaux sur son terrain. A ce sujet, un habitant nous dira : “Et dire que nous sommes en 2007, il existe encore des gens qui privent leurs proches ou leurs voisins en réfléchissant de cette manière! C’est absurde!” ajoutant :” Pour l’intérêt général, il faut appliquer la loi.” L’éclairage public est aussi défaillant. Il arrive que toute la localité reste dans l’obscurité pour plusieurs nuits, faute d’entretien et de recharge des lampes qui se grillent fréquemment.

Le centre de santé : une institution fantôme

Edifié dans les années 90, le centre avait fermé ses portes après un cambriolage.

Actuellement, il est partagé entre patriotes et les services de santé. Un infirmier reçoit les malades pour les injections. Pour un visiteur étranger à la contrée, le centre de santé n’est qu’une institution sécuritaire, pour retrouver sa vocation, les responsables du secteur doivent dépêcher un médecin une fois par semaine pour amuser les auscultations. Les citoyens se déplacent à Aomar ou Kadiria pour les divers soins et les vaccinations

L’eau potable éxiste mais…

L’eau potable ne manque pas à Aïn Lazra

Elle coule d’une source raccordée par canalisation à un réservoir et de là, le village est alimenté. Des fontaines publiques sont érigées au centre de chaque quartier, néanmoins, les habitations ne sont pas raccordées au réseau AEP. Pour subvenir à leurs besoins, chaque famille a droit à une demi-heure pour mettre la réserve d’eau potable. Les citoyens branchent des tuyaux en nylon aux robinets des fontaines publiques pour s’alimenter. Même ceux qui résident à une centaine de mètres de là, acheminent cette denrée vitale par le même moyen.

La jeunesse et ses préoccupations

Cette frange de la société est marginalisée voire ignorée. La localité est démunie de toute infrastructure de base : ni aire de jeux, ni terrain plat où peuvent se rencontrer ces jeunes qui se morfondent entre l’oisiveté, l’angoisse et l’envie de vivre ailleurs. Seul un café maure de fortune sert de lieu de rencontre et de rendez-vous.

Pendant la journée, les jeunes fuient le village et son calme pour aller à Aomar, à Kadiria ou à Bouira pour changer d’air et pourtant, l’air est très pur là-haut, dans la campagne. Cependant, ils préfèrent la ville bruyante où l’accalmie est perturbée par le ronflement des moteurs et les klaxons…

En effet, les jeunes qui prenaient une boisson gazeuse “Ben Haroun” nous diront : “On ne se souvient qu’il existe une localité nommée Aïn Lazra uniquement que lors des campagnes électorales. Tout le monde promet mais en réalité rien ne se réalise, ce ne sont que des mensonges.”

En résumé, Aïn Lazra est une agglomération qui veut sortir de ce marasme. Les pouvoirs publics doivent prendre en charge les problèmes et les préoccupations des citoyens de la localité car, à Aïn Lazra, un problème en cache un autre.

Pour améliorer la situation et récupérer cette jeunesse, instaurant ainsi un meilleur cadre de vie, un projet de village pilote entrant dans le cadre du PPDRI s’avère nécessaire car les habitants des zones rurales souffrent du sous-développement et de la marginalisation.

A. Bouzaidi

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