Les services spéciaux russes ouvrent leurs dossiers sur l’Insurrection de Varsovie

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Les archivistes des services spéciaux russes (FSB) et polonais ont publié mercredi des documents inédits sur le soulèvement sanglant de la capitale polonaise contre les occupants nazis, qui fit quelque 200.000 morts en août et septembre 1944.

Dans cet ouvrage de 1.400 pages en polonais et russe, publiés à l’occasion du 63e anniversaire de l’insurrection, sont publiés 149 documents déclassifiés, en particulier des interrogatoires à la Loubianka, le siège du NKVD à Moscou.

« Ce sont en grande partie des documents inédits: des procès-verbaux des interrogatoires, d’un côté de hauts responsables de l’insurrection et de simples insurgés, et de l’autre côté, de hauts responsables allemands chargés d’écraser le soulèvement », a expliqué à l’AFP Jerzy Bednarek, historien de l’Institut de la mémoire nationale (IPN) en charge des archives de la Pologne communiste. Parmi eux figurent les procès-verbaux des interrogatoires par le NKVD du général Rainer Stahel, le commandant des forces allemandes au début de l’insurrection, et des soldats de la brigade SS RONA, formée par des Russes passés du côté allemand. « Le rôle (des Russes) dans la répression bestiale des civils et des insurgés ne fut finalement pas aussi grand qu’on le pensait jusqu’à présent », a expliqué Marcin Majewski, un des rédacteurs de l’ouvrage.

« Les nazis ont cherché à l’exagérer et rejeter une part de responsabilité sur les unités de la RONA », a-t-il ajouté.

Le livre intitulé « L’Insurrection de Varsovie dans les archives des services secrets » publie également des documents provenant de la police secrète allemande, transmis à une commission polonaise qui poursuivait après la guerre les crimes nazis. « Ces documents provenant des délateurs polonais que la police politique allemande possèdait dans le milieu des insurgés montre le haut degré de pénétration de la police allemande auprès des insurgés », souligne Majewski. « Les Allemands avaient une très bonne connaissance des préparatifs grâce aux délateurs et leurs agents, mais ne prenait pas au sérieux la possibilité d’un soulèvement », ajoute-t-il. « Leur connaissance sur la disposition détaillée des unités des insurgés leur a permis de réaliser des bombardements très exacts et causé de grandes pertes aux Polonais », précise-t-il.

Il s’agit du troisième ouvrage qui résulte d’une coopération des archivistes des services spéciaux polonais et russe, lancée en 2000.

Le livre n’inclut en revanche pas de documents qui ferait plus de lumière sur le rôle de l’Armée rouge durant l’insurrection. Quelques unes de ses unités étaient alors déjà arrivées dans les faubourgs de la ville de l’autre côté de la Vistule.

Mais l’Armée Rouge avait alors arrêté sa marche vers l’ouest et n’a pas prêté main forte aux insurgés. Seulement certaines unités polonaises formés auprès de l’Armée rouge furent envoyées à la rescousse. Staline est largement soupçonné d’avoir ainsi laissé aux nazis le soin d’éliminer nombre d’opposants potentiels au communisme.

Selon la version soviétique, l’Armée rouge devait reprendre son souffle après une offensive épuisante qui lui avait déjà coûté des centaines de milliers de morts.

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