La source de tous les dangers

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A Tifrit, on ne boit à sa soif qu’avec la peur au ventre. Alimenté à partir d’un captage réalisé depuis la source de Boukhriche, dans la région d’Alma, le village redoute de désagréables surprises en raison du parcours de la conduite d’AEP qui traverse en plusieurs points, un cours d’eau, lequel reçoit en amont les rejets d’un village situé sur les hauteurs. Accrochée au piémont et peuplée de près de

8 000 âmes, Tifrit est une proéminence rurale de la ville d’Akbou qui, en tant que telle, fait face à des problèmes spécifiques que le comité des notables, qui sert d’interface avec les autorités, tente tant bien que mal de régler. Œuvre de pâtres pour étancher leur soif ou simples jeux de garnements, cette conduite présente en divers endroits des fêlures laissant s’infiltrer les eaux polluées de la traversée du cours d’eau incriminé. “Par temps de pluie, l’eau nous arrive toute noirâtre, signe qu’elle s’est mélangée à celle du ravin”, témoigne un notable du village. Par précaution, on utilise l’eau d’une fontaine ancestrale pour boire et celle de la conduite pour les bains et les travaux managers. Mais il arrive qu’on s’emmêle dangereusement les pinceaux. Signalé à l’attention des autorités depuis près de cinq ans, le problème n’est toujours pas pris en charge. Un notable du village exhibe une pile de documents soigneusement rangée dans une chemise cartonnée, en fait, une compilation de P-V de réunions avec les élus municipaux en vue de solutionner le problème qui, sur la foi de cette paperasse, était déjà posé en 2002, pour revenir régulièrement dans les réclamations du village. Outre l’APC, les représentants du village ont aussi tenu à alerter d’autres autorités, mais en vain. “Nous avons adressé au wali un rapport avec des photographies de la zone de potentielle infestation mais on ne voit rien venir”, se désole-t-on. Ce n’est pourtant pas la mer à boire. Les représentants du village estiment que l’enrobement en béton des segments de conduite traversant le plan d’eau pollué est la solution idoine pour prévenir les risques de MTH. Une expertise conduite par le laboratoire d’hygiène d’Akbou a conclu pourtant à la mauvaise qualité bactériologique des eaux de Boukhriche et a confirmé les craintes des villageois. “Au lieu de prendre des mesures radicales, les autorités se bornent à sur-javelliser cette eau au point qu’elle devient âcre au goût”, dira notre source. “Ceux qui se douchent avec cette eau signalent des démangeaisons et des irritations dermiques en raison du fort taux de javel qu’elle contient”, poursuit encore notre source. Autre problème et pas des moindres : un château d’eau de 500 m3 livré depuis belle lurette attend toujours de recevoir les conduites d’adduction de cette fameuse source de Boukhriche. “De l’argent jeté par les fenêtres !”, se désole-t-on là encore.

M. B.

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