Parmi les bourgades les plus anciennes et les plus peuplées de la commune de Seddouk, le village Ouadda traîne un déficit sans pareil en matière de développement local en dépit de la bonne volonté des habitants, lesquels ont financé des projets importants, par leurs propres moyens, se substituant ainsi aux pouvoirs publics. Les petits projets qui se comptent sur le bout des doigts réalisés par les pouvoirs publics pour ce village depuis l’Indépendance, sont bien trop insuffisants pour faire face à la demande d’amélioration des conditions de vie de la population. Ainsi, l’absence d’une politique de développement locale judicieuse et bien réfléchie des pouvoirs publics a poussé les villageois à se prendre en charge afin de venir à bout des multiples difficultés qu’ils rencontrent dans leur quotidien. Tout en menant par leurs propres moyens de grands projets, ceci en retroussant les manches et en mettant les mains à la poche juste après l’Indépendance, c’est-à-dire en 1967.
Les citoyens se sont mobilisés pour réaliser un projet grandiose, à savoir l’assainissement des eaux usées de tout le village. Voulant avoir une vie décente, deux ans plus tard, c’est-à-dire en 1969, ils ont récidivé par la réalisation d’un grand projet concernant celui du branchement de l’eau potable dans les foyers, épargnant ainsi à la gent féminine les corvées d’approvisionnement de ce précieux liquide à la fontaine publique dans des cruches ou des jerricans transportés sur leur dos. Ne s’arrêtant pas là, l’année 1994 a été l’année de l’aménagement des chemins du village. Les citoyens mobilisés la main dans la main, ont réussi un troisième projet de grande envergure ; ils ont pavé toutes les ruelles du village par des petites dalles en béton, fabriquées par eux-mêmes, s’épargnant ainsi des bourbiers en hiver et de la poussière en été. Seddouk Ouadda, ce village légendaire est rentré ainsi de plain-pied dans le modernisme. Les années 2000, n’ont pas été de tout repos pour les villageois confrontés à une quasi absence de l’eau potable dans leurs conduites. Beaucoup ont d’ailleurs arraché les robinets qui ne servaient à rien. Les notables ont multiplié alors les démarches auprès de la municipalité et des écrits à qui de droit pour les faire sortir de l’ornière ; démarches restées quasi infructueuses, auprès des élus locaux qui n’ont pas daigné prendre en charge leurs doléances. Ainsi, les villageois ont bien compris que le chemin du salut pour eux était celui de mobiliser la communauté émigrée à conjuguer ses efforts avec eux pour solutionner cet épineux problème. Les émigrés ont contribué par une forte somme financière et les habitants outre leur participation financière ont donné également leur force de travail. Le projet a consisté en la mise en exploitation de la source d’Ighzer Netsregoua par la construction d’un grand bassin et la réalisation d’une conduite principale sur environ un kilomètre. Epuisés physiquement et ruinés financièrement, les villageois n’ont pu subvenir au financement d’un deuxième projet pour compléter le premier. Il s’agit de la construction d’un château d’eau. Ce projet a été demandé à la municipalité qui l’a bien inscrit dans son programme de 2006. Mais, aussi surprenant que cela puisse paraître, ledit projet n’a pas été retenu, mettant en émoi toute la population qui ne s’attendait pas du tout à un tel rejet par l’Etat. Cela étant, la volonté et la persévérance de toute la population, bien que louables, n’ont pas pu venir à bout de tous les manques que recèle ce village. Des écueils importants qui rendent la vie difficile aux résidants restant ignorés par la municipalité. L’une des difficultés majeures qui accentue la misère des résidants n’est autre que ces chutes récurrentes du courant électrique. Le village est alimenté du transformateur de Tibouamouchine, un village voisin. Sonelgaz, répondant il y a 5 ans de cela aux doléances des notables, a projeté un transformateur pour Seddouk Ouadda. Une équipe a été dépêchée la même année pour un choix de terrain et, depuis, le projet est renvoyé aux calendes grecques. Si l’on s’en tient à cela, même l’éclairage public fait défaut. Dans ce sens même, la route principale menant au village, très fréquentée d’ailleurs est dépourvue d’éclairage. En matière de scolarisation des enfants, c’est le seul village dans la commune qui n’a pas son école primaire. Ses enfants sont scolarisés dans un établissement partagé avec un autre village Ighil n’Djiber. L’ironie du sort, ayant bénéficié d’un terrain de jeux de proximité, en 2006, celui-ci n’est toujours pas réalisé pour le manque d’assiette foncière devant abriter le projet.
Par ailleurs, hormis l’accès principal du village qui est goudronné, tous les autres accès ne sont même pas revêtus d’une couche de TVO. La lutte pour sortir du sous-développement a exténué les citoyens de Seddouk Ouadda. Jusqu’à quand continueront-ils à se prendre en charge ? Ne dit-on pas qu’une bonne gestion s’accorde avec une judicieuse répartition des subvenions allouée par l’Etat à la commune. Sans cela Seddouk Ouadda restera le parent pauvre de la commune de Seddouk et à qui la faute ?
L. Beddar
