Un discours aux accents de présidentiable

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On a beau se triturer la mémoire, on ne se souvient pas qu’Ouyahia ait jamais tenu un discours pareil celui qu’il a adressé samedi aux députés et sénateurs de sa formation.

Ce n’était plus en effet la seule gestion gouvernementale qu’il a mis en cause, pour en fait mieux ciblé d’ailleurs le rival FLN, mais l’ex-chef du gouvernement est allé plus loin, bien plus loin.

 » Pratiques dangereuses des lobbies  »  » mafia qui menace la stabilité nationale « , exploitant la période de transition  » y compris le marché national  » pour amasser de  » l’argent sale « . Puis cet appel pour que une  » lutte  » implacable  » contre ces  » groupes de pression et lobbies pour qu’ils ne deviennent pas le véritable pouvoir en Algérie « .

Dans un pays comme le nôtre aujourd’hui, de tels propos relèvent presque d’une position…révolutionnaire qui siérait cependant à un tout autre acteur politique de l’opposition y compris au sein du  » système  » mais dont on s’étonne qu’elle soit celle d’une personnalité qui jusque-là s’est fait le défenseur indéfectible des orientations officielles dont il a toujours été d’ailleurs l’un des parties prenantes.

Jusque-là en fait, on aurait plus reconnu Ahmed Ouyahia pour, tout au contraire, polémiquer contre quiconque aurait émis de pareilles dénonciations.

D’où la question de savoir ce qui motive le chef du RND dans une critique pour le moins inédites venant de sa part.

Elle dépasserait le cadre des prochaines élections locales, dans la mesure où il se serait suffit comme à l’accoutumée d’une campagne anti FLN et MSP à la rigueur, en leur imputant les travers de la gestion gouvernementale dont l’échec de la politique sociale. Or s’attaquer aux obscurs  » lobbies  »  » groupes de pression  » et  » mafia « , donne plutôt l’impression de faire office d’un discours d’un tout autre acabit. Un discours qui serait celui tout simplement…d’un présidentiable. En filigrane en effet qu’y peut-on y déceler en réalité ? Le fait aux yeux d’Ouyahia que les défis de 1999 n’ont pas été tenus puisqu’il s’agissait au niveau politique de moralisation, d’éradication des monopoles et mainmises commerciaux. Avec moins d’euphémisme, l’heure avait été désormais au discours anticorruption.

Ouyahia le libéral tiendrait donc sa belle revanche contre les tenants de la rente dont il suggère clairement que leur politique est à l’origine aussi bien de  » l’échec de la politique sociale  » que du  » pillage de la ressource nationale « ,  » la dégradation du pouvoir d’achat  » et la persistance voire l’aggravation de la corruption que pratiquent  » lobbies  » et  » mafia « .

En revanche sa position de soutien à la réconciliation nationale demeure ferme, même s’il a tenu à rappeler, peut-être sciemment, qu’elle n’est que le prolongement de la concorde civile qui elle-avait été  » pensée « , bien avant la présidentielle de 1999…Elle avait été la formalisation de la fameuse trêve de l’AIS.

Idem pour ses positions éradicatrices qu’il n’a pas manqué de réitérer en assurant notamment qu’il n’ y aura pas de FIS bis.

La revanche d’Ouyahia est double en fait, puisque depuis son départ aux allures controversées du gouvernement et son remplacement par le SG du FLN, le temps aurait finalement travaillé pour lui. D’où sa spectaculaire sortie de ce samedi.

H.O

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