Pour le FFS, la présence d’Aït Ahmed à Alger en prévision du 4e Congrès du parti constitue l’ultime opportunité de ressouder les rangs d’une formation en proie à une grave crise interne.
D’un côté, la direction nationale sous la conduite de Karim Tabou qui a comme lourd passif d’avoir provoqué la plus sérieuse saignée organique telle que jamais le parti n’en a connu. De l’autre, des pans entiers de militants dont les pionniers de » 63 « , engagés depuis au moins une année dans une action de protestation mettant en cause, avec force arguments, » l’état de d’urgence » instauré par la direction actuelle et surtout la situation » d’illégalité » qui caractérise la préparation du » congrès de la honte « , tel que qualifié par ce groupe dans une déclaration rendue publique lundi.
Ne serait-ce qu’au vu des arguments d’ordre statutaire que font valoir les protestataires, le président du FFS aurait lui-même du mal à les réfuter. En effet, il est reproché aux dirigeants du plus vieux parti d’opposition leur illégitimité quant à la préparation du congrès dans la mesure où ils ont dépassé leur mandat de trois années.
Par ailleurs et toujours sur ce point, il est dénoncé l’impasse sur les précongrès fédéraux ce qui » suffit, écrivent-ils, à disqualifier un congrès factice, indigne d’un parti qui se réclame des idéaux démocratiques « . Lourde accusation dans la mesure où les précongrès fédéraux sont les seuls habilités au plan statutaire à arrêter la liste des congressistes, ainsi que l’adoption des textes programmatiques.
Le leader historique du FFS s’armera-t-il de sagesse pour mieux faire valoir son charisme et son autorité au profit de la cohésion et du rassemblement au sein de son parti ?
Il y aurait un signe dans ce sens sachant que Aït Ahmed reçoit, aujourd’hui, les » anciens de 63 » dont on sait qu’ils sont à la tête du mouvement de protestation. Du moins une partie d’entre eux.
Toutefois, si tant est que la volonté du leader serait de peser pour le rassemblement et le consensus, il lui faudra néanmoins revenir d’une façon ou d’une autre sur son sévère jugement d’une part, à l’encontre des protestataires assimilés à des agents inféodés au pouvoir, et d’autre part sur son soutien, par conséquent, qu’il a apporté à la direction contre ces contestataires.
D’où la question de savoir quelle marge de manœuvre serait la sienne en vue de réussir un si laborieux pari ? Quoique ce soit sur la base des rapports de la direction qu’il en est arrivé à ses accusations contre les contestataires…
Quoi qu’il en soit, Aït Ahmed ne voudra pas terminer sa vie politique par le lourd et historique échec que constituerait l’éclatement d’une formation qu’il a portée et incarnée 44 années durant.
Concrètement, dans son souci éventuel de ressouder les rangs de sa formation, le leader du FFS est confronté à de très antagoniques doléances de la part des uns et des autres. Invalidera-t-il la tenue du 4e congrès qualifié, non sans raison, d’illégitime et d’illégal par les protestataires en vue de quelque cadre de dialogue et de conciliation, au demeurant incontournable en soi ?
Ou rejoindra-t-il la proposition de la tenue d’un congrès extraordinaire de l’ex- » groupe des sept « , seul à même de remédier à la situation d’illégalité dont est frappé le 4e congrès en perspective ?
Ou alors imposera-t-il une représentativité en bonne et due forme des protestataires à ce congrès, ce qui en atténuera le caractère illégitime et anti-statutaire ?
A moins que Aït Ahmed ait quelque bonne raison de cautionner sans condition la direction actuelle et de désavouer les protestataires, il faudra bien dans tous les cas de figure qu’il initie un cadre de dialogue entre les protagonistes de son parti.
H.O.