En plein milieu de son procès, au moment de l’audition de sa femme, appelée à la barre en tant que témoin, l’inculpé A. M. A., accusé de tentative d’inceste suivie d’homicide volontaire sur la personne de sa bru A. W., pique une crise de nerfs. Il quitte la barre sans autorisation du président et se rend au banc des accusés où il se met à cogner la tête contre les murs et à pousser d’effroyables cris gutturaux. L’avocat, Mokrane Aït Larbi, qui assure sa défense exige aussitôt de faire venir, séance tenante, un expert en psychiatrie pour examiner son client et dire si celui-ci est en possession de ses moyens pour pouvoir se défendre. Devant le refus du président d’accéder à son exigence, il demande alors le report du procès conformément aux dispositions des articles 47 et 21 du code de procédure pénal, faute de quoi, menace-t-il, il se retirerait de l’audience. Le ministère public et la partie civile dénoncent la simulation et la comédie jouée par l’accusé et orchestrées par la défense qui n’a pas cessé depuis le début du procès d’attirer l’attention du président sur la santé mentale fragile de l’accusé et qu’il y a lieu de ménager ce dernier, un tant soit peu au cours de l’interrogatoire. Mais la partie civile indique que l’accusé, qui n’est pas à son premier procès pour cette même affaire, provoque, à chaque fois que l’étau se resserre sur lui ou que la vérité soit sur ce point d’éclater, un incident quelconque pour faire reporter le jugement. Son objectif est de se faire interner comme malade mental dans un hôpital psychiatrique où il a espoir de sortir après deux ou trois années de soins. Pour répondre à la question de savoir, s’il faut oui ou non continuer le procès, le président consulte en aparté ses deux conseillers. Et après délibération, il décide de poursuivre les débats. L’avocat, Mokrane Aït Larbi, déclare son retrait de l’audience. Et faute d’avocat de la défense, le président est obligé de renvoyer le jugement à la prochaine session criminelle. Mais à trop tirer sur la corde, elle finit par rompre. L’avocat est définitivement dessaisi du dossier. Cette affaire que devait examiner en appel, hier, le tribunal criminel de Bgayet a déjà été tranchée une fois, au mois de novembre 2003 et l’accusé a été condamné à une peine de 20 ans de réclusion criminelle. Annulé pour vice de forme, un autre jugement de la même affaire a eu lieu le 17 mai.Les faits de cette délicate et interminable affaire, d’après les premiers éléments du procès, remontent à la journée du 31 juillet 2001. Ce jour-là, vers 11 h, dans la ville balnéaire de Tichy, A. M. A., l’accusé, était dans sa chambre, allongé sur son lit. A travers la fenêtre entrouverte, il voyait la femme de son fils qui étendait du linge dans la cour de la maison. La victime, A. W., se sachant observée par son beau-père explique, ce dernier, au président, montre sa cuisse la caresse de manière lascive et promène sa main le long de l’entre-jambes. Pour l’accusé, c’était plus qu’il ne pouvait supporter de la part de sa bru. Il se saisit de son fusil — au moment des faits, il était chef de la garde communale de Tichy — et tire deux coups à bout portant en direction de la victime qui décédera 18 jours plus tard à l’hôpital à la suite de ses blessures.Mais des témoins avancent que si l’accusé a tiré sur la victime, c’est parce que celle-ci, a repoussé ses avances. D’ailleurs, ajoutent-ils pour préserver son honneur et celui de son mari, elle s’est même réfugiée chez ses parents. Mais l’accusé n’a pas tardé à aller trouver le père de sa bru pour lui demander de convaincre sa fille de réintégrer le domicile conjugal.
B. Mouhoub
