Même si les chemins de l’édition ne sont pas facilement accessibles, du moins pour les nouveaux auteurs, les étals des librairies se garnissent davantage, avec tous les genres de la littérature. Beaucoup, pour ne pas dire la grande majorité de ces nouveaux talents, devant les portes fermées de l’édition, ne se découragent pas et cassent leur tirelire pour éditer à compte d’auteur. Mohamed Boukaci signe son premier roman dans cette formule. Et pour une première tentative, c’est un baptème de feu. “Yeux de feu” est un roman qui sort de l’ordinaire pour l’originalité de ses personnages. En effet, en parcourant les premières pages du livre, aucune personne ne figure dans le livre, mais seulement un couple de lions, “Crimière Rousse” et sa femelle, puis leur petit “Yeux de feu”, d’où le titre du roman, qui sont ces personnages principaux. Et on ne sait pas beaucoup du roman, dans lequel un animal est le personnage central. Et même si on est loin de comparer ce récit à ceux de Rudyard Kipling, l’auteur nous précise que ceux qui ont aimé “Le livre de la jungle”, apprécieront sans doute “Yeux de feu”. La lecture de ce dernier est affectivement attrayante, invitant par là, le lecteur à vivre quelques aventures dans la jungle, en compagnie de certaines créatures sauvages.
“Yeux de feu”, raconte les pérégrinations d’un lion qui terrorisait au début du 19e siècle des villageois kabyles. Fils de la “Sournoise”, et d’un vieux chef de clan joignant force et expérience, cette bête effectue ses premiers pas dans un monde hostile où règne la terrible loi de la jungle : la raison du plus fort. Après ses débuts difficiles où ses deux sœurs seront tuées et son frère capturé par les villageois riverains de la forêt, notre lionceau grandira pour devenir l’égal de son génisseur et gagnera de haute lutte cette place de chef de clan après l’éviction d’un cruel et redoutable rival.
A la tête de ses séxagénères, il sera le roi incontestable de toute la contrée, car aucune autre espèce animale n’est en mesure de surpasser les siens. Mais ce serait compter sans la présence d’un redoutable bipède mariant le feu et le fer : l’homme. Un roman émouvant et aéré dans lequel nous assistons à une guerre sans merci entre ces deux espèces rivales, où l’une est vouée à disparaître de ces contrées suite aux incursions d’étrangers encore plus impréviligiées envers les felins que les autochtones.
“…. Crimière-Rousse garda cet endroit pendant deux heures environ avant de s’en aller à travers la forêt. D’un pas nonchalent, il avançait sous les chênes centenaires armé de cette patience que lui avait léguée des années de chasses à travers les collines. Il marcha ainsi sur des lieues, suivant les néandres de cours d’eau. Lorsqu’il atteignit le pied d’un rocher, il s’arrêta net et tendit l’oreille. Des frémissements de feuilles et des craquements de bois mort que des bêtes écrasaient dans leur marche lui parvinrent. De ses pattes feutrées, il se mit à avancer à travers les halliers pour se rendre bientôt compte qu’une meute de sangliers trépignait dans le sous-dors…”
