Tout a commencé lorsque, une unité composée de 16 hommes de la SWPS, de la BMPJ et de l’ANP ont pris en filature, vers 17h, le véhicule des trois terroristes depuis la région d’Aghrias. Agissant sur renseignement, les forces de sécurité ont entrepris l’opération par une poursuite (très discrète) de leur cible à bord de quatre véhicules ce banalisés.
Arrivés à Tamda, les terroristes, qui ne se doutent toujours pas de la présence des policiers autour d’eux, décident de s’arrêter chez un commerçant du centre-ville pour faire quelques achats à consommer au f’tour.
“C’étaient les plus longues minutes de ma vie !…”, témoigne un des hommes qui a pris part à l’opération. Le reste du témoignage se passe de tout commentaire : “Il était 19h l’adhan à retenti depuis une dizaine de minutes. La rue commençait à se vider et notre cible était toujours immobile.
C’est là que nous décidons d’agir. On observe quelques minutes d’observation puis au moment même où l’un de nos véhicules est repéré par les terroristes, nous donnons l’assaut. Nous ne pouvions agir en douceur. Les terroristes avaient déjà armé leur kalachnikov et commençaient à nous tirer dessus !…”
Selon notre interlocuteur, l’échange des coups du feu fût d’une brutalité inouïe.
Les policiers et les militaires ont essuyé des rafales, mais leur tact professionnel leur a permis, non seulement de riposter, mais de cerner leur cible. Pris en tenailles, les terroristes ont dû se replier, avant d’être abattus. Le violent accrochage a pris fin à 19h 10.
Il aura duré, en tout et pour tout, une petite dizaine de minutes.
Choc à Tamda, silence à la morgue
C’est à 20 h tapante que nous atteignons Tamda. Sur les lieux de l’accrochage la tension est encore vivace. L’opération a eu lieu ici il y a moins d’une heure, et les gens n’arrivent toujours pas à réaliser parfaitement ce qui vient de se passer. Choqués, hébétés, les riverains continuent d’échanger des regards hagards et apeurés. Ils demeurent muets. Leur témoignages sont tantôt confus, tantôt coléreux. “Qu’est-ce que vous voulez que je vous raconte! J’était chez moi, comme tout le monde, et je n’ai rien vu ! J’ai seulement entendu les rafales…”, nous lançait un jeune du quartier qu’on a osé apostropher à propos de l’accrochage. Sur place, le nettoyage des énormes flaques de sang se poursuit encore. Les riverains n’ont toujours pas envie de parler. Nous décidons de rallier la morgue de l’hôpital de Tizi Ouzou, où les corps des trois terroristes ont été acheminés pour une éventuelle identification. La présence policière y est très forte, mais discrète. Deux 4X4 de la BMPJ sont immobilisés à l’entrée de la morgue. Une dizaine de policiers, en civil, y contrôlent l’accès. Nerveux et impulsifs, ils ont tout de même eu l’amabilité de nous dire poliment “Oui, il y a trois terroristes abattus dans cette morgue mais nous ne vous en diront pas plus. L’accès est interdit, alors veuillez laisser nos collègues travailler, s’il vous plaît !…”, nous prie l’un d’entre eux. L’opération d’identification allait se poursuivre tout le week-end.
Ahmed B.