Fréha ne se réveille pas tôt en ce mois de carême. Il faut attendre les premières heures de l’après-midi pour que cette ville renoue avec cette ambiance ramadhanesque qu’elle avait connue la veille. Une ambiance qui commence en effet paresseusement pour atteindre son paroxysme à quelques heures du f’tour. Celle-ci va grandissante succédant ainsi aux matinées mornes de Fréha. Des matinées où cette dernière donne l’impression d’être endormie tant ces différentes ruelles ainsi que ses trottoirs sont vides. Bien entendu, les écoliers auraient déjà rejoint leurs établissements et les employés leurs lieux de travail. Fréha se retrouve pour ainsi dire livrée durant les premières heures de la journée aux seuls commerçants, même les marchands de l’informel se donnent le temps pour installer leurs étals. Ils savent qu’en matinée il n’y a pas grand chose à gratter. En somme, Fréha coule des matinées paisibles en ce mois sacré. Qui aurait dit que la circulation automotrice et des personnes soit ainsi aussi facile dans cette localité connue pour ses incessants encombrements. Si cette situation faite de calme pouvait règner tout le temps ! déplorent en fait certains. En effet, la population locale a eu à découvrir à l’occasion du ramadan leur ville loin des brouhahas quotidiens auquels elle s’est habitués. Des brouhahas qui vont en fait reprendre de plus belle chaque après-midi, une période qui ne ressemble en effet en rien avec l’autre moitié de la journée. Au calme du matin succède une animation des grands jours. Les trottoirs deviennent ainsi surpeuplés à tel point qu’il est difficile de se frayer un chemin sans se jouer des coudes. Les différents commerces qui guettaient quelques heures auparavant ce moindre client sont achalants. En somme, la ville de Fréha grouille de monde durant toutes les après-midis. A l’entrée de la cité, les embouteillages reprennent également, de longs bouchons se forment et la circulation devient de plus en plus difficile. C’est à cette ambiance là que Fréha s’est habituée à chaque mois de carème. Une ambiance qui ne doit pas lui être propre car toutes les villes pratiquement baignent dans la même atmosphère. C’est en somme ce mois sacré qui dicte ses propres pratiques. Durant le ramadan, on aime tous, par exemple, faire ses amplettes à quelques heures de “l’adhan”, question de “tuer” le temps. Pour revenir à la localité de Fréha, celle-ci ne reprend son calme qu’à quelques instants du “moment atendu” après une longue journée de jeûne. Et rebelote pour le lendemain.
M.O.B.