La mafia russe vue par Cronenberg ouvre le festival de Saint-Sébastien

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David Cronenberg a lancé jeudi la 55e édition du festival international du film de Saint-Sébastien avec « Eastern promises », peinture sanglante et sensible de la mafia russe à Londres, l’un des 16 films en compétition pour le Coquillage d’Or.

Premier jour, première star américaine. L’acteur Viggo Mortensen était très attendu jeudi par le public de la station balnéaire du Pays Basque espagnol (nord). Très crédible en mafieux russe au sang froid, il retrouve avec « Eastern promises » le Canadien David Cronenberg, sous la direction duquel il avait tourné « Une histoire de la violence » (2005).

« Eastern promises », déjà présenté début septembre au festival de Toronto où il a remporté le Prix du public, a été chaleureusement accueilli pour sa première européenne par les spectateurs et la critique de Saint-Sébastien, l’un des rares festivals internationaux où les projections sont ouvertes à tous. Naomi Watts incarne une infirmière londonienne un peu naïve qui souhaite retrouver la famille d’un bébé dont la mère est morte à l’accouchement, une adolescente russe qui était réduite à la prostitution. La jeune soignante va pénétrer à son insu dans le milieu de la mafia russe.

« C’est une histoire de gangsters et de criminalité. Pour eux, la violence est un mode de vie », a expliqué Cronenberg en conférence de presse. « Je voulais que le public comprenne ce que représente physiquement la violence ».

Ce film montre « une nouvelle Russie porteuse d’un capitalisme très brutal qui montre ce qu’était le capitalisme à l’origine avant son évolution sophistiquée. Je suis sûr que le président Poutine va beaucoup l’apprécier! », a plaisanté le réalisateur de « La mouche » et de « Crash ».

« Eastern promises » était le seul film de la sélection officielle présenté jeudi. Il sera en compétition avec 15 autres long-métrages de tous horizons que le jury, présidé par l’écrivain américain Paul Auster, devra départager le 29 septembre.

Mortensen, chéri par le public espagnol, devant lequel il s’exprime toujours en castillan -il a grandi au Venezuela et en Argentine-, a expliqué avoir longuement préparé son rôle « avec des Russes, aux Etats-Unis, puis deux semaines en Russie ».

« Beaucoup de films sur le monde criminel ont été tournés mais je crois que Londres n’a jamais été montré ainsi », a déclaré l’acteur, célèbre depuis son rôle d’Aragorn dans la trilogie du Seigneur des anneaux.

Son personnage, Nicolaï, est très lié au fils du chef du groupe mafieux « Vory et Zakobe », Kirill, joué par le Français Vincent Kassel, également très convainquant.

Les scènes violentes ne sont pas très nombreuses mais très fortes. Une lutte dans des bains publics, particulièrement sanglante, en dégoûtera certains, sauf peut-être les admiratrices, ou admirateurs, d’un splendide Mortensen… entièrement nu.

Deux films de la sélection officielle seront projetés vendredi: « Mataharis » de l’Espagnole Iciar Bollain et « Battle for Haditha », un film engagé sur la guerre en Irak du Britannique Nick Broomfield.

Quelques stars américaines, Samuel L. Jackson, Richard Gere ou Demi Moore, apporteront la nécessaire touche glamour à ce festival de renom qui arrive tard dans la saison, après la Mostra de Venise et le festival de Toronto.

Saint-Sébastien « renoue avec le glamour », commente le quotidien El Pais pour qui « ce sera une année clé pour un festival qui cherche à retrouver un prestige remis en question par plusieurs éditions très éloignées du niveau espéré ».

L’an dernier, le jury présidé par l’actrice française Jeanne Moreau avait récompensé conjointement « Half Moon », de l’Iranien Bahman Ghobadi et Mon fils à moi du Français Martial Fougeron, qui avait été sifflé par les journalistes.

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