l L’Algérien n’a apparemment droit aujourd’hui qu’à une vie de stress. Quand on vit constamment avec la peur de mourir d’une balle perdue au détour d’une ruelle ou dans le fracas d’une bombe, à l’eveil comme au sommeil, on ne risquerai sans doute qu’expier le crime d’être né ici, dans ce pays. Et rien de plus néfaste aussi à la dignité d’un citoyen digne d’un citoyen que d’être délesté dans un faux barrage ou à la suite d’un rapt de biens pour lesquels il a sué sang et eau. Les scènes de cauchemar à l’instar de celles plus récentes, à Batna, Dellys et Zemmouri provoquent chez les rescapés, voire les riverains des brûlures menant tout tout droit à la psychose, sinon à un stress ruinant l’âme et le corps. En plus de ces drames à répétition, la masse des citoyens est soumise aux tracas d’une vie quotidienne faite de privations, surtout pour les enfants (de tas de choses essentielles) au cas où l’on aurait cette chance de les voir grandir. Les couples travailleurs eux-mêmes ont perdu leur quatrième dimension morale, celle d’espérer plus que les autres l’amélioration de leur condition sociale. Sceptiques, les cadres moyens constamment tirés vers le bas depuis une vingtaine d’années pressentent déjà que la prochaine révolution des salaires ne pourra pas leur procurer une vie meilleure, dans ce pays où la secte des nouveaux milliardaires fera encore tout pour faire flamber des prix. En résumé, le commun des citoyens arrache actuellement difficilement un morceau de pain, mais se demande si leurs enfants à l’avenir pourront l’arracher à leur tour. Une telle interrogation ne débouche que sur le stress. Un état pathologique diaboliquement entretenu, chose révoltante, presque par tous les gouvernants, n’ayant su gérer les richesses de ce pays.
Salim Haddou
