A qui profite la vente de logements ?

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Comment solutionner la crise de logement et quels sont les mécanismes appropriés à mettre en œuvre pour atténuer du moins à moyen terme ce problème qui persiste en dépit des nombreux et divers programmes octroyés à cette wilaya ? C’est sans doute la même question que se posent les responsables à l’échelle locale et même nationale devant le déficit enregistré en la matière et qui à défaut de régresser semble étrangement prendre son envolée. A travers les villes et les villages de la wilaya de Bouira, le problème du logement et de l’habitat en général est certainement loin de connaître un quelconque dénouement et reste préoccupant pour de nombreux citoyens. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil sur les prix du logement pratiqués par les agences immobilières et les promoteurs privés ou publics. Pour le simple citoyen ou un fonctionnaire moyen, l’achat d’un logement chez un particulier ou une entreprise publique ainsi que son acquisition dans le cadre du LSP ou promotionnel demeure un luxe inaccessible et un rêve irréalisable tant les coûts restent très au-delà de leurs moyens financiers. Surtout lorsque l’on sait que dans le cadre du logement participatif (LSP) les promoteurs privés exigent jusqu’à 30% du coût global du logement ce qui varie entre 50 et 60 millions de centimes. Cette somme (Une réelle fortune pour un salarié moyen touchant entre 15 000 et 25 000 DA le mois) qui constitue une avance, doit être déboursée avant même l’entame des travaux. Et c’est à partir de là que le bénéficiaire peut prétendre à l’aide de la Caisse nationale du logement (CNL) et aspirer ensuite à un prêt auprès d’un quelconque organisme financier (CNEP, banques…) avec tous les intérêts dictés par ce dernier et les aléas que suppose la procédure. Par ailleurs, l’opération OPGI / CNEP lancée pour la vente de quelques centaines de logements à travers le territoire de la wilaya a montré si besoin est à quel point sont désavantagés voire lésés le petit fonctionnaire et le simple citoyen qui n’arrivent même pas à ouvrir droit à un prêt pouvant leur permettre d’acquérir un logement en bonne et due forme. Résultat, d’une manière directe ou camouflée, la majorité écrasante des bénéficiaires de logements vendues dans le cadre de la dite opération englobe des acquéreurs aisés et ayant tous les moyens financiers pour payer rubis sur l’ongle la quote-part exigée par le promoteur pour l’obtention du ou des logement(s) auquel (s) ils prétendent. Cela dit, les logements que l’Etat prétend mettre à la disposition des citoyens percevant un salaire moyen sont ainsi détournés pour servir la classe aisée à défaut de faire le bonheur «Des familles de la classe moyenne» comme les responsables aiment le souligner à tout bout de champ, autrement dit des salariés et des fonctionnaires à revenus moyens.

Si on prend pour exemple le chef-lieu de la wilaya, on comprend facilement et sans difficulté aucune comment sont exclus ces laissés – pour – compté qui, à chaque opération de vente de logements (sous toutes ses formes) ne ménagent aucun effort pour fournir des dossiers d’acquisition et de faire toute une gymnastique qui n’aboutit finalement à rien.

Après qu’il ait fait toutes les administrations afin de réunir la paperasse nécessaire, le salarié ou fonctionnaire à revenus moyens demandeur de logement, bute en fin de parcours sur un niet catégorique de la part de la CNEP qui refuse de lui prêter pour différentes raisons (Salaire ou taux d’intérêt d’épargne insuffisants, âge avancé du client…) la somme qu’il faut pour acheter le logement auquel il prétend. De plus, et en l’absence de l’aide de la CNL qui refuse ses faveurs aux bénéficiaires de logements dépassant la barre des 200 millions de centimes, comme c’est le cas de la ville de Bouira où il a été mis en vente des logements à pas moins de 250 millions de centimes, le petit fonctionnaire ou le salarié moyen n’auront pour ainsi dire aucune chance d’acquérir un logis.

Et il ne leur reste que les yeux pour pleurer de s’être vainement agité pendant des jours et le mauvais sort d’appartenir à la classe des défavorisés. Tout compte fait, la vente des logements tous programmes confondus, n’a jamais bénéficié à ceux qui n’ont pas de toit et méritent vraiment d’être logés. Toutes les opérations engagées en ce sens par l’Etat et destinées initialement à faire profiter ceux qui touchent un salaire moyen ne constituent que des aubaines pour les promoteurs leur permettant de s’enrichir un peu plus et aux autres riches qui ne reculent devant rien pour investir dans l’immobilier en achetant des logements dont ils n’ont pas besoin et qu’ils les vendent par la suite ou les louent à des prix exorbitants.

B.D.B.

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